Écrire un pamphlet
I. Définitions
Pamphlet : c’est un discours satirique dans lequel on défend une cause en se moquant ou en critiquant ses opposants. Ainsi un pamphlet défend une idée en s’attaquant aux adversaires de cette idée, ce qui implique un certain nombre de procédés d’écriture plutôt agressifs, négatifs, prenant à partie l’interlocuteur ou le lecteur pour l’obliger à prendre position en faveur de l’auteur du pamphlet.
C’est un genre de l’argumentation qui appartient au registre judiciaire. Dans la rhétorique grecque, le genre de l’argumentation était divisé en trois registres : le registre épidictique avec l’éloge et le blâme, le registre judiciaire où on accuse ou défend quelqu’un, et le registre délibératif, où l’on pèse le pour et le contre avant de prendre une décision.
Satirique : vient de « satire », lui aussi étant un discours critique, négatif, qui vise à se moquer de quelqu’un. C’est un autre genre d’argumentation, avec le pamphlet, le conte philosophique, les blâmes, les éloges, etc.
II. Éléments à utiliser dans un pamphlet
Connotations négatives : portent sur les noms, adjectifs, verbes. Exemple : « Les infâmes détracteurs de la cause animale s’égosillent pour rien. » Les mots à connotations négatives sont en italique. « S’égosiller » est une image, qui se rapporte aux animaux, pour se moquer des détracteurs de la cause animale.
Questions rhétoriques ou interrogations oratoires : c’est une question à laquelle on ne répond pas. On la pose pour obliger le lecteur ou l’interlocuteur à admettre qu’on a raison. Exemple : « N’avez-vous rien compris à la situation ? » On cherche à mettre en difficulté la personne en face de nous, l’obliger à admettre un point qui sert notre argumentation.
Ironie : c’est une manière de mettre en doute la vérité d’un jugement. Exemple : « Vous vous jugez supérieurs. » On met en doute le fait qu’ils soient supérieurs et le fait qu’ils se jugent supérieurs. On laisse planer le doute sur ces deux éléments pour pouvoir les mettre en difficulté.
L’accusation : sont aussi utilisée dans le blâme. Exemple : « Votre froideur nous met tous en péril. » On accuse la froideur des détracteurs de la cause animale, pour la mettre en relation avec le fait de mettre en danger les autres (par rapport à l’environnement par exemple). On pointe du doigt que la position adoptée par les autres engendre des désagréments, des inconvénients, voir un crime, une faute qui amènerait une correction, une rectification de la part du lecteur ou de l’interlocuteur.
Le pamphlet est donc un genre polémique c’est-à-dire virulent, vif et dynamique, parfois même agressif ou violent dans les arguments qui défendent la cause choisie.
Écrire un éloge
I. Définition
L’éloge est un petit texte dans lequel on met en avant les qualités de quelque chose ou de quelqu’un L’éloge est donc un discours positif sur quelqu’un ou quelque chose.
C’est un genre de l’argumentation, il appartient au registre épidictique (avec le blâme), issu de la rhétorique antique, avec le registre judiciaire (pamphlet) et le registre délibératif où l’on pèse le pour et le contre avant de prendre une décision.
Il est souvent demandé d’écrire un éloge sur une personne précise, ou un objet, une cause un idéale.
II. Éléments à utiliser dans un éloge
Portait physique ou moral (ou les deux) : Le portrait physique est aussi appelé la prosopographie, et le portait moral, l’éthopée. Quand on fait les deux ensemble, on obtient le portrait au sens littéraire complet. Ce portrait doit se faire avec des connotations positives, sur les noms, adjectifs et verbes. Exemples : « Une belle femme. » On est plutôt du côté physique et l’adjectif « belle » est positif. « Un homme admirable. » On est du côté moral et la connotation positive porte sur l’adjectif « admirable ».
Tours mélioratifs : Ce sont des tours par lesquels on insiste sur le côté très positif des choses, voir le meilleur, sur le degré d’intensité d’un adjectif ou d’un adverbe. Exemples : « La plus gentille personne du monde. » Superlatif « la plus » qui insiste sur l’adjectif « gentille » qui est lui-même déjà à connotation positive, ce qui renforce cette connotation. « Un écrivain très consciencieux. » L’adverbe « très » insiste sur l’intensité de l’adjectif mélioratif « consciencieux ».
Récit de dialogue avec valeur d’exemple ou d’anecdote. Exemple : « Il a rédigé un article intitulé J’accuse pour sauver Dreyfus. » Ce récit très court a une valeur d’anecdote et met en avant l’exemplarité morale de la personne (ici l’écrivain Émile Zola), le fait qu’il soit intègre, engagé, courageux. Zola est ici loué, comme courageux et engagé puisqu’il essaie de sauver Dreyfus (affaire Dreyfus, début du XXe siècle).
Nota Bene : Éloge est masculin, et l’adjectif qui en dérive est l’adjectif laudatif, on fait un discours laudatif, du verbe louer.
Écrire un conte
I. Définition
Le conte est un récit bref (comme la nouvelle) qui fait appel à des éléments merveilleux. Il peut faire entre 1 et 20 pages environ.
Le conte s’inscrit dans un temps légendaire, et convoque des éléments merveilleux, surnaturels, qui ne peuvent pas arriver dans la vie de tous les jours, à la différence de la nouvelle qui est un récit de la vie courante.
II. Éléments à intégrer dans un conte
« Il était une fois » : cette formule n’est pas obligatoire mais est très utilisée. C’est un seuil d’entrée du texte. Il indique qu’on se trouve dans un temps légendaire et que le récit est au passé avec les temps de l’imparfait, du passé simple de l’indicatif, passé antérieur, etc. Exemple : « Il était une fois un jeune prince prénommé Ivan. »
Étapes du récit :
1) Situation initiale
2) Élément perturbateur qui vient changer cette situation, souvent une quête
3) Péripéties nombreuses ou pas
4) Résolution qui marque la fin heureuse ou non
Exemple : Le petit chaperon rouge = situation initiale. / Sa mère lui demande d’aller porter à mère-grand un panier = élément perturbateur. / Le loup la mange = péripéties. / Le chasseur sauve le chaperon = résolution
Personnages du conte : Un héros ou une héroïne, des adjuvants qui aide le héros à accomplir sa quête et des opposants qui essaient à tout prix d’empêcher la quête. Exemple : Le petit chaperon rouge est l’héroïne, le chasseur est l’adjuvant et le loup est l’opposant.
Éléments merveilleux : Objets, stratagèmes, filtres merveilleux, magiques. Exemple : Le loup parle et le chaperon sort du ventre du loup, cela n’existe pas dans la réalité, ce sont des éléments merveilleux.
Nota Bene : Un « conte » s’écrit avec un « n » et non un « m » comme dans « comte » qui est un titre de noblesse.
Écrire une scène de théâtre
I. Mise en page
Pour mettre en page correctement une scène de théâtre, il faut indiquer le nom des personnages, ce qui permet de repérer qui parle et à quel moment. Il faut mettre le nom des personnages devant chaque réplique, suivi d’un tiret. Exemple :
NOM 1 – …
NOM 2 – …
NOM 1 – …
Il faut alterner les personnages, et les guillemets sont optionnels, et non conseillés.
Il est aussi possible d’ajouter des didascalies qui sont des indications scéniques sur le costume, le décor et sur la manière de jouer une tirade, l’intention, s’il est en colère ou content par exemple ou s’il fait un mouvement sur la scène. Ces didascalies sont :
– soit accolées au nom du personnage : NOM 1 (didascalie) – … pour indiquer l’état d’esprit du personnage, sa position sur la plateau.
– soit juste à côté de la tirade du personnage : NOM 1 – (didascalie) … pour indiquer la manière de jouer.
II. Personnages
S’il y a un seul personnage, il s’agit d’un monologue, le personnage se parle à lui même, parle seul ou bien s’adresse à un personnage qui n’est pas sur la scène. Par exemple, il peut parler à la femme qu’il aime ou à un personnage auquel il en veut. Si un seul personnage parle, il s’agit également d’un monologue.
S’il y a deux personnages ou plus, c’est un dialogue.
III. Le type d’échange
Vitesse de réponse des personnages : rapide, courtes tirades ou stichomythies pour un créer un dialogue vif, voire conflictuel dans le cas des stichomythies. Moyenne : de manière ordinaire. Ou lente : chaque personnage a le temps de s’exprimer, comme dans les tragédies raciniennes.
Distribution des temps de parole : il y a toujours un personnage qui parle plus, ou faire en sorte d’avoir des tours de parole équilibrés pour montrer que les personnages sont à égalité.
Enchaînement des répliques : l’enchaînement doit être réfléchi, pourquoi le personnage parle : question / réponse, ordres, histoire etc.
IV. Registre littéraire
Registre de la scène : comique, tragique, dramatique, pathétique, lyrique, etc.
Selon si l’on veut faire rire, pleurer, si l’on veut parler de la mort ou de quiproquos, malentendus, etc.
Écrire un poème
I. Choisir une forme
Une forme fixe : une manière d’organiser le poème qui existe déjà dans la tradition littéraire. Par exemple le sonnet, le rondeau, l’élégie, etc. C’est une manière d’organiser les strophes avec des codes déjà établis, permettant d’avoir un cadre.
Une forme libre : décidée dès le départ et qui permet d’être plus souple. Ce peut être un poème en prose : pas de vers, ici, il s’agit d’écrire des passages à caractère poétique à la suite.
II. Choisir un schéma de rimes (ou pas)
Rimes suivies, embrassées, croisées : c’est la manière de disposer les rimes au sein d’une strophe. Attention à la forme fixe, par exemple dans le sonnet, il faut utiliser des rimes embrassées dans les quatrains, et embrassées ou croisées dans les tercets.
Il est possible de développer des vers sans rimes dans une forme libre ou des versets dans le poème en prose : phrases qui ont un certain rythme, une certaine sonorité mais qui ne présentent pas de rimes.
III. Trouver les rimes
Chercher les rimes en amonts, certaines sont classiques, il est possible de s’inspirer des chansons françaises. Choisir des rimes harmonieuses, intéressantes, et significatives.
IV. Choisir un type de vers
Combien de syllabes par vers : octosyllabe (8), décasyllabe (10) ou alexandrins (12), il faut choisir le type de vers le plus approprié. L’oreille est, par exemple, plus habituée à l’alexandrin, il est plus facile de couler les phrases dans le moule de l’alexandrin. Ou bien, choisir des vers libres ou des versets de longueur variable.
V. Trouver ou reprendre des images
Les images sont un terme d’analyse du style. On distingue trois type d’images.
Comparaison : utilisée avec un outil de comparaison comme « pareil », « plus que », « comme », « moins que ». Exemple : « Le poète est comme ce prince dénué. » L’outil de comparaison « comme» illustre la soif d’absolu et de liberté du poète, comme l’oiseau Albatros.
Métaphore : rapprochement de deux choses sans être une comparaison. Exemple : La femme aimée et la rose. La rose est traditionnellement rapprochée à la femme aimée.
Allégorie : lorsque l’on signifie quelque chose d’abstrait par quelque chose de concret. Exemple : Le Bateau ivre, de Rimbaud incarne la liberté à laquelle inspire le poète, « ivre » parce qu’il tangue et va où il veut.
Rédiger une lettre
Une lettre peut être personnelle, amoureuse, intime ou administrative, etc. Pour la rédiger, il faut maîtriser un certain nombre de codes et de contraintes.
I. Organisation
Salutation initiale : Exemple : « Chère, Cher X, Cher Monsieur », mais il n’est pas possible d’écrire « Cher Monsieur X. »
Corps du texte : Plusieurs paragraphes entre lesquels on peut passer une ligne, structurer le texte pour distinguer les idées et sentir la progression.
Salutation finale : Formules fixes comme « Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations respectueuses ». La formule s’adapte à la personne, comme « Cher Maître » pour les avocats ou notaires. Ou bien « Bien cordialement », « Cordialement », « Respectueusement », « Bien à vous » etc.
Signature : Nécessaire car il attribue le texte à quelqu’un, de manière juridique.
Bonus : Date et lieu en début de lettre.
II. Énonciation
Qui parle à qui, comment s’expriment les personnes, avec un « je » ou un « nous » de majesté (assez rare, utilisé par les scientifiques par exemple). Le tutoiement ou vouvoiement dépend du type de personne à laquelle on s’adresse.
III. Niveau de langue
Courant ou soutenu, en fonction du destinataire.
IV. Dans le cas d’une lettre fictive : la double énonciation
La double énonciation, souvent utilisée au théâtre, est le rappel d’informations que détient le destinataire de la lettre mais dont a besoin le lecteur pour comprendre. Par exemple, dans les films, un personnage rappelle parfois des informations à un autre personnage dont il n’a en vérité pas besoin, comme dans un film d’espionnage « Monsieur, j’ai eu le rapport X par votre soeur Élisa » : le personnage sait que Élisa est sa soeur, il n’a pas besoin qu’on lui dise, mais l’information est réellement destinée au téléspectateur, pour sa compréhension.
Écrire sur soi
I. Choisir un genre de l’écriture de soi
Autobiographie : raconter sa vie, ou Mémoires : racontant aussi les événements historiques marquants, la société dans laquelle on a évolué, en même temps que l’on raconte sa vie personnelle => récit au passé, regard rétrospectif, avancé, puisque l’on raconte des événements qui ont déjà eu lieu.
Journal intime, chronique : les deux sont similaires, sauf que la chronique raconte aussi des faits passés qui nous concernent ainsi que l’ensemble de la société, d’un pays, d’une ville, au contraire du journal intime où les faits nous concernent exclusivement => récit au présent, le passé est beaucoup plus proche que pour l’autobiographie
L’échange épistolaire personnel, la correspondance : souvent à sens unique pour un écrit sur soi, la réponse n’est pas forcément attendue dans l’exercice. Les correspondances sont des témoignages importants lorsque l’on veut connaître les pensées d’un auteur ou d’un personnage politique ou historique => récit au présent. On relate des faits, on exprime des sentiments, des opinions.
II. Choisir des personnes
Il faut savoir avoir qui parle à qui. Les personnes se traduisent par l’usage de pronoms : je (me/mon/moi/ma/mes) : accentue que la première personne est celle qui parle.
Un écrit peut être adressé ou non. Lorsque l’écrit se destine à quelqu’un, on utilise alors le « tu » ou le « vous », il peut rester un peu flou sur le destinataire. Pour s’adresser à tous ou à une collectivité, on utilise le « vous » mais aussi parfois le « tu », par exemple dans « toi lecteur ». Dans le cas où l’écrit est non-adressé, comme a priori dans le journal intime, il n’y aura pas de marqueurs du destinataire.
III. Choisir une ou des formes (souvent les deux seront présentes)
Le récit : on raconte de faits : « qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
Souvenir : « Longtemps je me suis couché de bonne heure » : Proust raconte son enfance.
Descriptions : par exemple, la description de la madeleine trempée dans le thé de Proust.
Le discours : Le discours est le cadre de l’ensemble du texte, parce que l’écrit sur soi est une prise de parole.
On y trouve l’expression de sentiments, d’opinions, d’émotions : cela constitue un panel de tout ce qui s’exprime en utilisant le « je ».
On y trouve aussi du discours rapporté, direct ou indirect, soit sous forme de dialogue, on raconte un fait passé en y insérant des paroles qu’on a entendu, ou un propos entendu, pour donner un peu plus de corps à ce récit de faits.