Paysage et expression de soi
En poésie, comme en peinture, la description ou la représentation d’un paysage peut avoir pour but d’exprimer les sentiments du peintre ou de l’auteur. Au XIXe siècle, il y a le paysage d’état d’âme, c’est-à-dire que l’état du poète ou du peintre est représenté à travers la simple description d’un paysage.
Exemple de paysage état d’âme : Le Voyageur contemplant une mer de nuages, de Caspar Friedrich. Dans ce tableau, il y a un personnage seul, de dos, jonché sur un sommet qui contemple une étendue de paysage. Au second plan, il y a un amoncellement de nuages, il y a une nature déchaînée. À l’arrière-plan, il y a ce paysage qui se fond doucement dans ce décor, qui disparaît. Le personnage porte un vêtement d’apparat, qui est en décalage avec la nature et qui évoque la noblesse. Le peintre ne représente pas un paysage objectif, tel qu’il est réellement, mais il représente le paysage tel que le personnage qui le contemple le ressent, c’est-à-dire une nature fascinante et sauvage, mais qui dépasse aussi l’homme et qui évoque une mélancolie. C’est cette mélancolie, cet état d’âme qui est représenté à travers la peinture de ce paysage.
En poésie, cela fonctionne de la même manière. Dans les différentes poésies, il est possible de repérer des procédés lyriques qui sont à l’œuvre dans la description des personnages. Le lyrisme est un registre littéraire qui consiste à exprimer des sentiments, souvent à la première personne, à travers une écriture poétique, musicale.
Principaux procédés de ce paysage état d’âme
– Emploi de la première personne « je » : le « je » indique que le poète exprime ses sentiments. Exemple de Chateaubriand : « Je voyais avec un plaisir indicible le retour de la saison des tempêtes ». L’auteur s’implique dans la description de son paysage.
– Emploi du vocabulaire des sentiments à l’intérieur de la description. Exemple de Verlaine : « Le ciel est, par-dessus le toit, / Si bleu, si calme ! » L’adjectif calme appliqué au « ciel » renvoie au sentiment. Donc le poète exprime à travers la description du ciel ce que la contemplation du ciel lui inspire.
– Emploi de personnifications : c’est-à-dire la comparaison d’éléments de la nature avec une personne humaine. Exemple de Verlaine : « Un arbre, par-dessus le toit, / Berce sa palme ». Le verbe « Berce » attribué à l’arbre fait référence à l’humain.
– Évocation des sens : c’est-à-dire l’ouïe, l’odorat, le toucher puisque le poète rend sensible ce que le paysage lui fait à travers la poésie. Exemple de Baudelaire : « Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ». Il y a la présence du son et de l’odorat et le verbe « tournent » donne un paysage vertigineux à la manière d’une danse.
Comparaisons et métaphores
Une comparaison et une métaphore sont des figures de style qui visent à rapprocher deux termes. Ces deux termes sont qualifiés de comparé et de comparant. Le comparé est ce dont je parle. Le comparant est la chose à quoi je le compare.
I. Exemples
Dans le cas d’une comparaison, il faut utiliser un outil de comparaison. Exemple : « Cette femme est belle comme une rose ». « la femme » est le comparé, c’est ce dont je parle ; « la rose » est le comparant ; « comme » est l’outil de comparaison qui permet grammaticalement de rapprocher les deux termes.
Autres outils de comparaison : « semblable à », « ainsi que », « tel que » ou d’autres termes qui permettent de lier le comparant et le comparé.
Dans la métaphore, il n’y a pas d’outil de comparaison. Exemples : « La jeunesse est une rose » (mise en garde). Il y a une affirmation de l’équivalence entre le comparé (la jeunesse) et le comparant (la rose). « L’amour est une maladie » (tragique) : équivalence entre le comparé (l’amour) et le comparant (la maladie). « Cueillez votre jeunesse » : la jeunesse est le comparé, mais le comparant est implicite, il n’apparaît pas. C’est seulement à cause du verbe « Cueillez » qu’il est possible de comprendre que la jeunesse est comparée à une fleur. Donc un comparant peut être implicite.
II. Interprétations
L’interprétation de ces figures se fait en fonction du contexte. Il faut toujours prendre en compte l’intégralité du texte pour pouvoir interpréter les figures de style. Il faut se demander ce que l’auteur a voulu dire du comparé en employant ce comparant particulier : quels sont les points communs entre comparé et comparant ?
« La femme est belle comme une rose » : le point commun entre la femme et la fleur est la beauté. Il s’agit d’un éloge de la femme dont on parle. Il peut y voir d’autres traits implicites, puisque une rose a des épines, elle peut être une fleur fragile. Donc, il peut y avoir d’autres attributs qui sont sous-entendus et qui vont s’appliquer à cette femme qui peut être belle, mais aussi dangereuse.
« Cueillez votre jeunesse » : dans cette métaphore, le point commun que peut avoir la jeunesse et la rose est la beauté, mais aussi la fragilité, l’éphémérité. Il s’agit plutôt d’une mise en garde. Comme la rose, la jeunesse ne dure qu’un instant. Il faut profiter de la jeunesse parce qu’elle est fragile comme une fleur.
« L’amour est une maladie » : L’amour est comparé à une maladie. Leur point commun est le fait qu’une maladie est quelque chose qu’on attrape sans l’avoir voulu. Il y a une représentation de l’amour qui arrive sans l’avoir voulu. La maladie ronge le corps et entraîne vers la mort. Donc il y a une vision tragique de l’amour : un amour qu’on ne décide pas d’éprouver et qui est lié au destin, au malheur, et à la mort, comme c’est le cas dans les tragédies.
III. Deux cas particuliers de métaphores
La personnification est une métaphore qui compare un objet inanimé (le comparé) à une personne vivante (le comparant).
La réification compare une personne vivante (le comparé) à un objet inanimé (le comparant). Elle est l’inverse de la personnification.