Aménager le territoire français
I. Pourquoi ?
Après la Seconde Guerre mondiale en 1945, on a constaté qu’il y avait de grands déséquilibres sur le territoire français :
– Un premier déséquilibre concerne l’importance excessive de Paris, ainsi que l’hyper centralisation parisienne par rapport au reste du territoire qui est un peu délaissé.
– Un deuxième déséquilibre qui oppose une France de l’Est qui, à la fin de la Seconde Guerre mondiale est très industrialisée, à une France de l’Ouest qui l’est beaucoup moins, car c’est encore une France rurale et qu’il va falloir dynamiser au plan économique.
– Un troisième déséquilibre qui est celui de la diagonale du vide, cet espace de faible densité peu dynamique en France et qu’on veut également redynamiser.
S’il y a des déséquilibres à l’échelle du territoire tout entier, il y a également des déséquilibres à une plus grande échelle. (Plus l’échelle est grande, plus le territoire considéré est petit). Si nous prenons l’exemple de l’Île-de-France, on constate qu’il y a d’abord des inégalités sociales et économiques extrêmement fortes entre les Franciliens. L’État grâce aux pouvoirs publics propose d’y remédier, mais il y a aussi des problèmes liés au transport puisque les villes ont tendance à s’étendre indéfiniment et les habitants les plus éloignés dans les banlieues ou dans les espaces périurbains, ont besoin d’un système de transport qui leur permet de regagner le centre des villes. Il y a donc un certain nombre d’éléments qui justifient qu’on prenne en compte l’aménagement de notre territoire.
II. Comment ?
Après la Seconde Guerre mondiale, sous la Ve République, la France s’est dotée d’un certain nombre d’instruments de modernisation dont la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) qui date de 1963 et qui réfléchit à ces processus d’aménagement.
Il existe également les lois de décentralisation de 1982-1983 qui ont donné la possibilité d’aménager leur territoire aux collectivités territoriales (départements, régions). Il faut également rappeler qu’il y a d’autres acteurs de l’aménagement du territoire, qui ne sont pas forcément des acteurs nationaux. Par exemple l’Union européenne a aujourd’hui une action absolument décisive dans l’aménagement du territoire européen et donc dans l’aménagement du territoire français.
III. Avec quels résultats ?
Depuis 1964 ont été créées des métropoles d’équilibre : certaines importantes agglomérations françaises (Lille, Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse, etc.) ont été élevées au rang de métropole d’équilibre avec pour objectif de faire contre-poids à l’importance de Paris qui écrasait un peu tout le territoire.
Il y a eu un rééquilibrage industriel entre l’Est et l’Ouest de la France puisqu’aujourd’hui l’Ouest de la France est beaucoup plus dynamique au plan économique et contient des pôles industriels de pointe qui sont très réputés dans le monde.
La diagonale du vide est toujours vide : on ne peut pas forcer les gens à habiter là où ils ne veulent pas et elle reste un espace de faible densité en France.
Il y a aussi de nouveaux enjeux. D’une part, comme la France est bien intégrée dans un espace mondialisé, il a fallu réfléchir aux connexions de transport avec ses voisins européens. Par exemple, un dispositif comme l’Eurostar fait partie de l’aménagement du territoire puisque le territoire ne se limite pas aux limites de notre Hexagone.
Enfin un nouveau problème s’est manifesté dans les années 1980, celui de la durabilité, c’est-à-dire du respect de l’environnement. C’est aujourd’hui un enjeu qui fait partie de l’aménagement du territoire et que l’on prend en compte, par exemple avec la création de parcs régionaux et nationaux dans les années 1960.
Conclusion
Les enjeux ont évolué, les acteurs aussi, et un certain nombre de réussite sont effectives, mais il reste également des choses à faire. En terme d’aménagement du territoire, il est parfois difficile de concilier des enjeux qui sont un peu contradictoires : contrebalancer le poids de Paris, mais en même temps faire en sorte que Paris garde son statut de métropole mondiale, à rayonnement international.
Les territoires ultra-marins français
L’aménagement du territoire ne doit pas se limiter à la métropole, c’est-à-dire au territoire européen, mais également à ses possessions d’outre-mer, ce qu’on appelle les territoires ultramarins de la France. La France comme d’autres pays européens possède des territoires sur l’ensemble des océans, elle a donc une présence internationale.
I. Des territoires éloignés
Ces territoires sont très éloignés de la métropole :
– À 5 000 / 6 000 km pour la Guadeloupe ou la Martinique qui sont les territoires des Caraïbes.
– À beaucoup plus de 10 000 km pour des territoires qui sont extrêmement éloignés comme la Nouvelle Calédonie ou la Polynésie française.
Comment gérer des territoires qui sont aussi loin ? Ces territoires sont ce qu’il reste des empires. Lorsque le processus de décolonisation s’est achevé, dans les années 1960 pour la France, un certain nombre de territoires ont choisi de rester avec la République et donc d’obéir aux lois de cette dernière pour bénéficier des aides que la France peut leur attribuer. Ces territoires n’ont pas tous dans le même statut. On distingue les DROM c’est-à-dire les départements et régions d’outre-mer (la Guadeloupe ou la Réunion), des COM c’est-à-dire les collectivités d’outre-mer qui sont des territoires beaucoup plus autonomes par rapport à la France et qui seraient susceptibles d’être un jour indépendants.
II. Atouts et contraintes
Le climat et le tourisme de ces territoires ultramarins font rêver (plages de sable fin par exemple). Ce sont des territoires où l’activité agricole est importante avec des productions spécialisées souvent tropicales. Mais ce sont également des territoires qui, parfois, sont destinés à une industrie de pointe comme la Guyane, territoire très vaste d’environ 80 000 km² où l’on trouve la base de Kourou d’où partent les fusées Ariane.
Ces territoires ont des spécificités économiques intéressantes mais souffrent aussi de contrainte. La première est celle de l’éloignement car ce sont des territoires situés à plusieurs milliers de kilomètres de Paris, qui sont en même temps extrêmement dépendants de la France notamment dans les relations commerciales. Ce sont des territoires à risque moyen, car il y a encore de l’activité sismique et volcanique, parfois même des typhons.
Ces territoires sont attractifs pour les populations qui habitent autour et qui n’en font pas partie. Par exemple, la Guyane est un territoire qui attire les populations du Suriname voisin, voire même du Brésil. Donc à l’échelle locale, ces territoires ultramarins sont des territoires d’immigration.
Néanmoins, ce sont des territoires qui sont moins développés, on y enregistre globalement un taux de chômage trois fois supérieur à celui de la France, l’IDH (Indicateur de développement humain) y est plus faible. Ces territoires sont dans une situation intermédiaire entre les régions du Sud, en voie de développement ou peu développées, et la France, pays très développé.
III. Quels aménagements pour ces territoires ?
Les acteurs de ces aménagements sont la métropole et les collectivités territoriales car ces territoires forment des départements et des régions qui financent leurs propres projets. Mais l’Union européenne est aussi actrice des aménagements et elle considère ces territoires comme des régions ultrapériphériques, éligibles aux aides économiques de l’Europe. Par exemple, éligible au FEDER (Fonds européen de développement économique et régional) ou à la PAC (Politique agricole commune).
Deux exemples d’aménagement :
– Le pont entre le Brésil et la Guyane française pour faciliter la circulation au-dessus du fleuve Oyapock est en cours d’achèvement.
– La route circulaire tout autour de l’île de la Réunion qui est un projet d’aménagement d’un territoire ultramarin pour améliorer l’accessibilité de ce territoire.
Conclusion
Finalement on peut s’interroger sur la pertinence de ses aménagements. Sont-ils rentables ? Nous coûtent-ils beaucoup d’argent ? Coûtent-ils beaucoup d’argent aux collectivités locales, éloignées de la métropole ? C’est une question problématique à laquelle on réfléchit davantage en classe de 1re.