Combattre les neuromythes pour mieux apprendre
- 5 octobre 2022
- Publié par : Sophie Goncalves
- Catégorie : Méthodes de travail / organisation
Les neuromythes sont des croyances fausses sur le cerveau qui sont très répandues. Elles ont souvent pour origine des études scientifiques qui ont été mal comprises, mal interprétées ou contredites depuis. Vous allez être surpris par certains clichés que vous n’auriez peut-être pas eu l’idée de remettre en question.
Nous n’utiliserions que 10% de notre cerveau ?
… et en prenant des pilules magiques ou en s’entraînant, on pourrait devenir super intelligent en utilisant tout notre cerveau !
L’origine de ce mythe est assez mystérieuse… Il a pourtant la dent dure depuis plus d’un siècle. C’est un mélange de vieilles théories scientifiques démodées, de confusions de journalistes et de romans de science-fiction.
Dans la réalité, nous utilisons tout notre cerveau, même sans pilule magique, même lorsqu’on est inactif ou quand on dort. Nous utilisons bien plus que 10% de notre cerveau.
Dans les faits c’est juste que nous sollicitons des zones différentes en fonction de nos activités.
Cerveau droit, cerveau gauche : tout dépend de sa personnalité !
Votre enfant est intuitif et créatif : il est cerveau droit ! Il est logique et analytique : il est cerveau gauche. Ce mythe laisse croire que sa personnalité serait le reflet d’une dominance d’un côté du cerveau par rapport à l’autre.
L’origine de ce mythe vient du fait que certaines fonctions sont localisées à droite ou à gauche dans le cerveau.
Par exemple, lorsque nous parlons, nous activons la partie gauche du cerveau pour articuler et parler. Avec la partie droite, nous y mettons des émotions et des intonations.
Même s’il y a des zones spécialisées et latéralisées dans le cerveau, les deux côtés travaillent toujours ensemble et dans les mêmes proportions et ce, quelle que soit sa personnalité.
Le cerveau se muscle avec des exercices
Notre cerveau serait un muscle que l’on pourrait renforcer avec des entraînements et des exercices réguliers et très ciblés.
L’origine du mythe vient du fait que le cerveau est plastique : plus on apprend, plus il va se modifier et devenir performant.
Il n’existe malheureusement pas d’exercice cérébral qui permette de booster le cerveau dans son ensemble, ce qui ne veut pas dire que les exercices sont inefficaces.
Autrement dit, pour un exercice donné, nous ne pourrons améliorer dans notre cerveau que les compétences pour ce type d’exercice.
Si votre enfant s’entraîne à mémoriser des listes de mots comme des verbes irréguliers par exemple, il ne s’améliorera que pour mémoriser des listes de mots. Son cerveau ne sera pas plus performant pour du calcul mental ou pour raisonner.
Le cerveau des filles et des garçons serait différent
Ce qui expliquerait que les filles soient nulles en maths et ne savent pas lire des plans mais qu’en revanche elles s’expriment mieux et qu’elles ont une meilleure mémoire que les garçons.
Ce mythe est issu du fait qu’on observe des différences dans la forme et l’organisation entre les cerveaux d’un homme et d’une femme adulte.
Ainsi le cerveau d’un homme sera plus gros et aura plus de matière blanche alors que le cerveau d’une femme aura plus de matière grise.
On observe aussi de grosses différences dans les résultats scolaires entre les garçons et les filles mais aussi dans les choix d’orientation.
Les récentes études scientifiques ont montré que si on enlevait tous les stéréotypes et les préjugés qu’on avait entre les garçons et les filles, il n’y aurait plus aucune différence dans les performances scolaires, les choix d’orientation ou dans le fonctionnement du cerveau.
Il existe trois styles d’apprentissages : auditif, visuel ou kinesthésique
Il faudrait ainsi que les professeurs s’adaptent aux styles d’apprentissages pour que chacun apprenne mieux.
Ce mythe est issu de théories anglo-saxonnes des années 70 mais qui ont été invalidées depuis.
Il est évident que nous avons tous une préférence pour un type d’apprentissage, mais cela reste une préférence.Les études ont montré que si l’on apprenait qu’avec un seul sens, on apprenait moins bien. En fait, nous sommes tous multisensoriels et surtout, nous sommes tous visuels.
Il existerait 8 types d’intelligences indépendantes les unes des autres
Chacun de nous aurait au moins une intelligence dominante.
Il s’agit ici d’une théorie d’un chercheur américain : Howard Gardner en 1983 qui a connu un très grand succès dès sa sortie car elle était très rassurante pour tout un chacun. Howard Gardner a remis en cause lui-même sa théorie : il ne s’agit pas en fait de huit types d’intelligences mais plutôt de huit talents. La mesure des huit talents ne peut en aucun cas remplacer la mesure du quotient intellectuel (QI), qui n’est pas parfait mais qui est ce qu’on a de mieux aujourd’hui pour mesurer l’intelligence.
La théorie d’Howard Gardner a tout de même le mérite de rappeler que nous sommes tous différents, que nous avons des talents, qu’il faut apprendre à les connaître et à les utiliser pour mieux apprendre.
Tout se jouerait avant 3 ans pour le cerveau… après ce serait très compliqué d’apprendre
Dans ce cas, il faudrait surstimuler les enfants avant 3 ans pour être sûr qu’ils développent assez de compétences et d’intelligence pour la suite.
Les recherches ont montré qu’autour de 2 ans, il y avait un maximum de connexions qui se créaient dans le cerveau. On a donc pensé que c’était à ce moment que le cerveau se modelait pour créer son intelligence et ses compétences. Il est vrai que durant l’enfance et l’adolescence, on apprend très facilement parce que le cerveau est très plastique et qu’il crée facilement des connexions. Mais en fait, on peut encore apprendre encore durant toute sa vie, même à 90 ans et donc rien n’est joué avant 3 ans !
Écouter régulièrement du Mozart rendrait plus intelligent
Ce mythe est issu d’une étude américaine de 1993 qui a révélé chez des élèves à qui on faisait écouter une sonate de Mozart, une augmentation de quelques points à un des sous-tests de QI. Or, toutes les études qui ont voulu vérifier ces résultats ne les ont jamais retrouvés.
En réalité l’étude américaine initiale était truffée d’erreurs : l’effet Mozart n’existe pas !
Pour conclure, certains neuromythes sont sans grande conséquence pour les apprentissages. Par exemple, écouter du Mozart ne fera pas de mal ! En revanche, d’autres peuvent être plus problématiques si on utilise des méthodes inefficaces voire contre productives comme utiliser un seul style d’apprentissage. Enfin, restez vigilant face à tous les produits commerciaux qui utilisent le langage scientifique et les neuromythes pour vendre des produits miracle pour booster le cerveau !