Les séductions de la parole
I. Définitions
Séduction : se-ducere (latin) : conduire à soi, ce qui signifie amener à soi l’opinion de l’auditeur par l’argumentation.
La séduction est donc un outil proche de la persuasion (argumenter en jouant sur les émotions) au contraire de la conviction (convaincre en faisant appel à la raison).
Ainsi dans la séduction, il y a l’idée d’une argumentation indirecte qui passe par des anecdotes ou des exemples pour pouvoir persuader en jouant sur les émotions de l’auditeur ou du lecteur.
Parole : pratique du langage. On dit les séductions de la parole (au pluriel) car cette séduction peut, aussi bien, passer par l’écrit que par l’oral.
II. Histoire
« Placere, movere, docere », Poétique, Aristote
La Poétique d’Aristote est un ouvrage qui date de la Grèce antique dans lequel il essaie d’analyser les ressorts de la tragédie et de la comédie. Il tente de définir ces termes et leur donner des règles. Aujourd’hui, il n’existe plus que la partie sur la tragédie. Dans cette partie, il définit l’intérêt de la tragédie comme étant de plaire, émouvoir et enseigner : « placere, movere et docere ». Termes latins qui se sont propagés dans l’Antiquité latine et sont restés une référence pour la tragédie mais aussi pour la rhétorique (l’art de la parole).
Ainsi, dès l’Antiquité, Aristote met sur le même plan le fait d’instruire (raison) et le fait de plaire (séduction) et d’émouvoir (persuasion).
III. Problématiques possibles
– Doit-on plaire pour instruire ? L’instruction doit-elle être liée au fait de plaire ?
– Peut-on convaincre sans persuader ? Peut-on emporter l’adhésion rationnelle du lecteur sans faire appel à ses émotions ?
– La séduction, est-ce de la manipulation ? Dom Juan parle de son approche des femmes en disant « conduire à soi quelqu’un ». Pour lui, séduire, c’est manipuler (« prendre avec les mains »). Est-ce que la séduction est nécessairement de la falsification ou du mensonge ?