Annale – Analyse d’un texte de Gide et d’une peinture de Raphaël
Autobiographie et récits de soi
L’autobiographie est le genre littéraire qui appartient au récit de soi le plus célèbre. C’est un genre qui consiste à raconter sa vie, comme l’indique l’étymologie, auto : soi-même / bio : la vie / graphie : écrire. Le terme désigne « écrire sa vie ». Le récit de soi est le seul cas littéraire où l’auteur = narrateur = personnage. Celui qui écrit le livre est également celui qui raconte l’histoire et dans le cas de l’autobiographie c’est également un des personnages voire le personnage principal.
L’auteur se situe dans un présent de l’écriture : « j’écris maintenant ». Par rapport à ce présent, le personnage se situe dans le passé : « je raconte comment j’étais enfant. ». Il y a donc un décalage temporel entre l’auteur et le personnage. Le narrateur se situe entre les deux. Il est possible d’avoir à la fois :
– Narrateur-auteur : un narrateur adulte qui porte un regard sur sa vie passée.
– Narrateur-personnage : l’enfant dont on parle qui raconte de son point de vue d’enfant.
Dans certaines autobiographies, ces deux points de vue sont mélangés et il est intéressant d’analyser comment ils s’imbriquent et comment ils se répondent l’un à l’autre.
Comment l’auteur a choisi de se représenter lui-même ?
Il y a trois pistes de réponses :
S’interroger sur le point de vue qu’il donne de lui-même
Est-ce qu’il donne un point de vue positif/négatif de lui-même ? pourquoi ? est-ce un trait de d’orgueil s’il se valorise ? est-ce un trait de de modestie ou de fausse modestie s’il se dénigre ? comment veut-il se représenter aux yeux du lecteur ? est-ce une stratégie ? laquelle ?
S’interroger sur les choix de l’auteur
C’est-à-dire ce que l’auteur a choisi de dire ou de ne pas dire. L’auteur dit certaines choses sur lui, mais il ne les dit pas toutes. Pourquoi a-t-il choisi d’en cacher certaines ? Est-ce qu’il veut que son lecteur les devine ou les imagine ? Ou bien veut-il les garder secrètes ?
La sincérité
Ecrire une autobiographie est un engagement auprès de son lecteur à être sincère, c’est-à-dire raconter exactement les choses dont on se souvient sans les transformer. Cependant les auteurs ne sont pas toujours sincères. Il est possible de se demander s’ils le sont ou s’ils ne le sont pas, pourquoi.
Cette notion de sincérité se distingue de celle de vérité. Il est possible de se souvenir de quelque chose de faux, mais de s’en souvenir de façon absolument sincère. Donc le pacte autobiographique consiste non pas à dire la vérité, mais à être sincère même si ce qui est dit est un mensonge.
Autres récits de soi
Il y a d’autres récits de soi qui n’appartiennent pas au genre de l’autobiographie, parce qu’ils se distinguent du récit de vie. Par exemple :
– Le genre de l’essai : il s’agit de développer des opinions philosophiques ou politiques en fonction de sa propre expérience. C’est un récit de soi argumentatif.
– Les mémoires : elles consistent à raconter les événements importants qui se sont passés au cours d’une existence. Donc la focalisation porte sur l’Histoire, sur l’événement qui s’est passé. Par exemple, quelqu’un qui aurait vécu une guerre racontera plus cette guerre que propre sa vie.
– Les journaux intimes ou la correspondance intime : sont des genres qui ne sont normalement pas destinés à la publication, dans lesquels l’auteur raconte son intimité, se confie à un confident soit réel, dans le cas de la correspondance, soit fictif, dans le cas du journal intime.
– Les blogs ou autres productions internet : racontent la vie de leurs auteurs et qui sont autant des genres, des récits qui peuvent interroger la représentation de soi-même.