Comment gère-t-on collectivement les risques ?
Par risque, il faut comprendre risque social. C’est un événement généralement imprévu qui va augmenter les dépenses d’un individu ou diminuer ses sources de revenus. On peut prendre l’exemple du chômage, de la maladie ou des accidents au travail.
I. Les différents principes
La gestion collective de ces risques comprend différents principes :
A. La prévention
L’objectif est de sensibiliser les personnes de manière à éviter que des risques ne surviennent. La fonction de la prévention est de faire en sorte que les individus soient plus vigilants.
L’État peut mettre en place des politiques de prévention. On peut citer par exemple le programme Nutrition-santé. Un des axes de ce programme est vraiment la prévention, l’objectif étant que les citoyens aient une meilleure hygiène de vie. C’est notamment le fameux « manger 5 fruits et légumes par jour » mais c’est également la recommandation de pratiquer une activité sportive physique quotidiennement.
B. La mutualisation
La mutualisation a pour objectif de transformer des risques individuels en risques collectifs. Généralement, des organismes vont récolter des cotisations. Ils vont ainsi mutualiser des risques. Si une personne subit un risque social, elle est indemnisée grâce à ces cotisations qui ont été prélevées au préalable.
L’État a mis en place ce type de principe. Le fait de verser des cotisations sociales permet, lorsqu’on perd son emploi et qu’on est au chômage, de bénéficier d’un mécanisme assurantiel. On touche des indemnités durant 24 mois, voire 36 mois.
C. La diversification
La diversification consiste à diminuer un risque global en le répartissent sur différentes activités en partie indépendantes. Deux exemples pour illustrer la diversification :
– Dans le monde agricole, un agriculteur se spécialise dans différentes cultures, car s’il se spécialise dans un seul type de culture et qu’il y a des intempéries, cela peut peut-être détruire tous ses champs, toutes ses récoltes. Le risque financier serait trop important. Dans une optique de diversification, on peut se spécialiser dans différentes cultures, par exemple une production animale et une végétale.
– Sur les marchés financiers, un portefeuille de titres plus diversifiés est peut-être moins risqué. Exemple des actions (qui sont une partie du capital de l’entreprise) : en acheter dans différentes entreprises permet la diversification. S’il y a une baisse de la valeur d’actions d’une entreprise parce qu’elle a été au moins performante, cette perte financière peut-être compensée par de meilleurs résultats dans d’autres entreprises, auquel cas les actions de l’entreprise pourraient augmenter. Donc, un portefeuille financier diversifié est moins risqué, il obéit au principe de diversification.
II. Les principaux acteurs
Une série d’acteurs prennent collectivement en charge ces risques sociaux :
A. La famille
Longtemps, les solidarités familiales ont prévalu. C’était un soutien financier si on était atteint par un risque social.
B. L’organisme public de protection sociale en France : la Sécurité sociale
Les sociétés se sont munies d’organismes collectifs, à la fois publics et privés. L’organisme public qui gère ces risques en France, c’est-à-dire la protection sociale, est la Sécurité sociale. Cela passe par le versement de cotisations sociales obligatoires, prélevées sur les salaires, permettant aux individus d’être assurés contre un certain nombre de risques sociaux. Mais parfois, il n’est même pas nécessaire de cotiser. Par exemple, les faibles revenus peuvent bénéficier de la Couverture maladie universelle (CMU). La Sécurité sociale a plusieurs branches : la famille, les accidents du travail et la retraite.
C. Les organismes privés
Enfin, il existe les organismes privés, c’est-à-dire des institutions de prévoyance, des assurances, des mutuelles qui permettent de se couvrir sur une large palette de risques liés à l’habitation, l’automobile, la maladie, etc.
Par exemple, les mutuelles remboursent une partie du financement d’un risque qui n’a pas été intégralement remboursé par la Sécurité sociale. Dans le cas de l’optique, les organismes privés adoptent le principe de mutualisation. On collecte des cotisations préalables et les victimes de risques sont indemnisées par ce fond mutualisé préalablement.
Conclusion
La place des organismes publics et privés peut varier selon les États. En France, le secteur public est très important et la Sécurité sociale couvre de nombreux risques totalement ou en partie, mais totalement pour les pathologies extrêmement graves. Aux États-Unis, la plupart des risques sont pris en charge par des organismes privés.
Expositions et attitudes face aux risques
La vie économique et sociale est faite de risques (avoir un accident, tomber malade, perdre de l’argent sur une somme investie). Mais il faut savoir qu’il y a des personnes qui sont davantage exposées que d’autres à ces risques. Par ailleurs, on n’a pas forcément la même attitude face aux risques.
I. Une exposition différente selon plusieurs facteurs
Des études montrent qu’il y a des individus qui ont une probabilité plus forte de voir des risques survenir.
A. La catégorie socio-professionnelle
La catégorie socioprofessionnelle s’apparente au métier exercé. Les conditions ne sont pas les mêmes, selon le métier exercé. Il s’agit de risques qui surviennent sur le lieu de travail. Une enquête de l’Insee avec d’autres instituts montre qu’en fonction de la catégorie socio-professionnelle, certains sont surreprésentés par rapport à d’autres. Par exemple, les ouvriers sont surreprésentés en moyenne par rapport au risque de respirer des fumées toxiques et nocives, d’être en contact avec des produits dangereux ou d’être blessé, d’avoir des accidents concernant les risques infectieux. Ce sont les employés qui sont, en moyenne, surreprésentés pour tous ces risques, et ce sont les cadres qui sont, en moyenne, moins touchés par ces risques.
B. Le niveau de diplôme
Le niveau de diplôme protège de risques importants comme le risque d’être au chômage. Plus on est diplômé, moins on a de risque d’être au chômage et exposé à la pauvreté. Aujourd’hui, être pauvre, c’est avoir des ressources inférieures à 1 000 € par mois.
C. Le genre
Les études montrent que quel que soit l’âge, ce sont généralement les individus de sexe masculin qui sont davantage exposés à des risques. Les hommes se conforment à leur stéréotype de sexe. Ils prennent plus de risques que les femmes. Cela peut se voir dans le cadre de l’automobile : accidents, excès de vitesse, ce sont davantage des hommes qui en sont victimes que les femmes.
II. Quelles attitudes face au risque ?
On peut être plutôt « risquophobe », « neutre au risque » ou « risquophile ». Ce sont des catégories forgées par les économistes.
On est risquophobe si on n’aime pas le risque. Dans ces cas-là, on n’aime pas l’incertitude.
On est neutre au risque quand on n’a pas une forte aversion pour le risque mais qu’on n’aime pas non plus prendre beaucoup de risques.
On est risquophiles si on aime la prise de risque.
Ces catégories peuvent paraître abstraites mais elles sont intéressantes dans différents en cas de figure. Dans le domaine de l’assurance, on sait qu’il y a des personnes qui prennent plus de risques. Autre domaine, les investisseurs sur les marchés financiers : certains aiment prendre plus de risques même s’ils peuvent perdre plus mais également gagner plus.
Enfin, des études sociologiques montrent que la prise de risque peut avoir des effets individuels, plus d’estime de soi, plus de découverte de soi, une meilleure réputation également.
Les effets positifs et négatifs la gestion collective des risques
Un risque social est un événement généralement imprévu qui augmentent les dépenses d’un individu ou diminuent ses ressources financières, comme par exemple la maladie, le chômage, le fait d’avoir un accident etc. Ces risques sont gérés par les organismes publics mais aussi privés.
I. Les avantages
Grâce à la prévention, il y a moins de risques sociaux qui surviennent. Cela est renforcé par la mutualisation : lorsqu’une personne assurée subit un risque, il y a un dédommagement financier. Celui-ci atténue la perte de pouvoir d’achat de la victime. La diversification des risques permet aussi de baisser les pertes financières puisqu’on le répartit sur différentes activités a priori indépendantes. En somme, les premiers effets positifs de la gestion collective des risques, est d’augmenter le bien-être individuel et le bien-être de l’ensemble des individus, c’est-à-dire le bien-être collectif. La mutualisation renforce le lien social.
Deuxième élément, il y a une incitation à l’innovation dans le secteur de la santé, dans le secteur de l’assurance. On va donc essayer d’augmenter les produits pour gérer au mieux les pertes financières, on va essayer d’anticiper la survenue de différents risques. Tout cela est propice à l’innovation.
Enfin, parce que c’est propice à l’innovation et parce que de pouvoir d’achat des individus est limité, la gestion collective des risques permet de soutenir la production de l’économie, c’est-à-dire dire la croissance économique.
II. Les inconvénients : l’aléa moral
On peut néanmoins souligner un élément négatif de cette gestion collective des risques, l’aléa moral. C’est un terme forgé par les économistes pour qualifier le fait qu’une personne assurée, se sachant protéger collectivement, va davantage prendre de risques par rapport à une situation dans laquelle elle devait elle-même assurer les conséquences négatives de ce risque, c’est-à-dire payer les dédommagements.
Cela peut se répercuter de différentes manières. Dans le cadre de la santé, une personne ne va pas hésiter à aller chez le médecin plusieurs fois puisqu’elle sait que, de toute façon, elle sera remboursée par la collectivité.
Autre exemple, dans le cadre de l’assurance, si on prend l’automobile, on sait que l’on est assuré donc on va peut-être davantage prendre de risques, être moins vigilant. Ces cas de figure illustrent un effet négatif de cette gestion collective des risques, à savoir l’aléa moral