L’effet de l’introduction d’une taxe sur un marché concurrentiel
L’État est le troisième agent économique qui peut être présent sur un marché. Il peut être présent sur un marché et modifier les prix avec des taxes pour des raisons de justice sociale, mais également pour inciter ou désinciter des agents à acheter ou à vendre certains produits. Ici, on se base sur le cas de la politique environnementale, où l’État, par l’introduction d’une taxe forfaitaire, tente de désinciter l’achat de voitures jugées très polluantes. Il faut alors voir quel est l’effet de l’introduction des taxes sur le marché.
I. Le mouvement de l’offre
Comment se déplace la courbe de l’offre ?
Il s’agit d’un marché standard avec une offre croissante en fonction du prix et une demande décroissante en fonction du prix. La rencontre entre l’offre et la demande donne le prix d’équilibre et la quantité échangée.
L’État introduit la taxe qui en l’occurrence concerne les offreurs. Les offreurs répercutent la taxe sur le prix de vente. Il y a donc une offre plus chère pour un même bien. Graphiquement, cela correspond à une courbe à gauche de la courbe de l’offre sans taxe. La différence entre les deux courbes est égale à la taxe.
II. La modification de l’équilibre
Quels éléments peuvent modifier l’équilibre du système ?
Avec l’introduction de la taxe, il y a un déplacement de l’équilibre. Les consommateurs demandent une nouvelle quantité eu égard à la nouvelle courbe d’offre. L’offre s’adapte. Il y a alors modification du surplus du consommateur et du surplus du producteur. Graphiquement, cela se manifeste par une réduction de la surface de deux.
Entre les deux, l’espace correspond aux recettes fiscales, c’est-à-dire au montant total de la taxe. Il y a également un petit triangle, délimité par l’ancienne courbe d’offre, la courbe de demande et la verticale du nouvel équilibre qui correspond à la perte sèche. La perte sèche est une perte de bien-être à la suite de l’intervention de l’État : en rendant les voitures polluantes plus chères, les quantités échangées baissent. Comme le volume de transaction a baissé, c’est une perte de bien-être. Certains consommateurs prêts à mettre un certain prix pour acheter une voiture très polluante ne le peuvent plus et on a une perte sèche irrécupérable parce qu’il y a une quantité de voitures très polluantes qui ne pourra pas être échangées.
Comment une entreprise optimise-t-elle sa production ?
On s’intéresse à la manière dont une entreprise maximise ses bénéfices. Pour cela, il faut s’intéresser au programme du producteur, la maximisation du bénéfice et à la courbe d’offre du producteur. Une entreprise est une organisation à but lucratif. Son objectif est de faire de l’argent. Pour cela, elle produit et compare son chiffre d’affaires, l’argent qu’elle récolte en vendant, avec ses coûts de production.
Quelle est la formule du bénéfice ?
Formule du bénéfice : Recettes totales – coût total = bénéfice.
I. Optimisation de la production
Comment optimiser la production ?
Pour optimiser, il convient d’adopter la posture néoclassique qui consiste à tâtonner. On raisonne à la marge. Pour la recette totale, si on applique cela au raisonnement à la marge, cela devient la recette marginale. La recette marginale est la recette en plus lorsque l’entreprise vend une unité de bien en plus. Il faut comparer cela avec le coût marginal. Le coût marginal est le coût de fabrication d’unité de bien en plus. A savoir, la production est optimisée, les bénéfices sont maximaux quand la recette marginale égalise le coût marginal.
Par exemple, sur le marché de la production de chaussures de luxe. Une entreprise dans une situation concurrentielle est preneuse de prix. Le marché de la chaussure détermine un prix de 300 € la paire vendue. Elle vend une première paire de chaussures 300 €, elle vend une seconde paire de chaussures 300 €, etc. En situation de concurrence, la recette marginale est constante et, dans notre exemple, elle est égale à 300 €.
Le coût marginal est en général croissant. C’est au point de rencontre entre le coût marginal et la recette marginale que la production est optimale et que l’entreprise fait le plus de bénéfices. Si l’entreprise vend une quantité inférieure à la quantité qui égalise le coût marginal et la recette marginale, alors la recette marginale est supérieure au coût marginal.
Peut-elle faire de l’argent en plus ? Oui, en vendant à chaque fois plus, la recette supplémentaire qu’elle génère est toujours supérieure au coût de production de la dernière unité produite. On voit que c’est au niveau de ce point d’intersection que le profil est maximisé. Au-delà, on s’aperçoit que le coût marginal est supérieur à la recette marginale donc à mesure que la production augmente, l’entreprise perd de l’argent.
Ainsi, en tâtonnant, il est bien évident que c’est à la dernière unité vendue, lorsque la recette marginale égalise le coût marginal, que la production est optimisée.
II. Les conditions de l’optimisation
A. Le coût marginal croissant
Le coût marginal croissant est une hypothèse des économistes. Une entreprise, pour produire, a besoin de travail, de capital, ce sont les facteurs de production d’une entreprise. Or, une entreprise a des rendements décroissants au fur et à mesure que sa production augmente. À mesure que les facteurs de production augmentent, la production augmente moins que proportionnellement car l’entreprise a besoin de capital et de travail. Or, on sait que la productivité marginale du facteur travail est décroissante. À un moment donné les travailleurs se gênent, d’un point de vue collectif, ou chaque travailleur peut être moins efficace à mesure qu’il produit. Ainsi, au fur et à mesure que la production augmente, le coût de fabrication d’une unité de bien en plus augmente.
B. La courbe d’offre
On peut également en déduire la courbe d’offre du producteur. On sait que l’entreprise maximise ses bénéfices et sa production lorsque la recette marginale égalise le coût marginal. Or, on sait que le prix de marché d’une entreprise, en situation de concurrence pure et parfaite, est sa recette marginale. Si le prix de marché de la chaussure est 300 €, la recette marginale des entreprises est 300 €. Ainsi, à chaque fois que le prix de marché augmente, la production optimale de l’entreprise augmente. On peut dire finalement que le coût marginal est assimilable à la courbe d’offre. Plus le prix de marché augmente, plus les entreprises voient leur quantité produite augmenter car elles se feront plus de bénéfices et le profit sera maximisé.
Comment un marché concurrentiel maximise-t-il le bien-être des agents économiques ?
La toile de fond de ce cours est le marché concurrentiel : un marché qui satisfait à toutes les hypothèses du modèle de la concurrence pure et parfaite. L’hypothèse sous-jacente à cela est que si le consommateur ou le producteur échange sur le marché, c’est qu’il a un intérêt à l’échange.
I. Qu’est-ce qu’un gain à l’échange ?
Si l’agent économique échange, c’est qu’il a intérêt à le faire. En échangeant, l’agent reçoit une forme de bien-être.
A. Pour le consommateur
Le gain à l’échange du consommateur est égal à sa disposition à payer (DAP) moins le prix d’équilibre.
Le prix d’équilibre s’impose à tous les agents : les agents sont price takers.
La disposition à payer est le prix maximal qu’un consommateur est prêt à payer pour s’acheter un bien.
Exemple : le marché du pain avec un prix d’équilibre de 2 €. On a un consommateur numéro 1 prêt à mettre jusqu’à 3 €. Sa disposition à payer est de 3 €. Il réalise un gain à l’échange de 3 € – 2 €, soit 1 €.
Un consommateur plus riche a une disposition à payer de 4 €. Dans ce cas-là, s’il achète du pain au prix d’équilibre de 2 €, il réalise un gain à l’échange de 4 € – 2 €, soit 2 €.
B. Pour le producteur
Le raisonnement est quasiment identique pour le producteur. Simplement, la formule change. Le gain à l’échange est le prix d’équilibre moins la disposition à vendre (DAV).
L’objectif d’une entreprise est de proposer un bien au prix le plus faible possible si elle compétitive. Or sur le marché concurrentiel, le prix d’équilibre s’impose.
Exemple : une entreprise est prête à vendre son bien au minimum 1 € et que le prix d’équilibre est de 2 €, en échangeant, on dira que ce producteur réalise un gain à l’échange de 2 € – 1 € soit 1 €.
Une entreprise un peu moins compétitive est prête à vendre jusqu’à minimum 1,5 € et le prix d’équilibre est 2 € alors son gain l’échange est de 50 centimes d’€.
II. Quels sont les surplus du consommateur et du producteur ?
Si le gain à l’échange a une dimension individuelle, le surplus du consommateur et du producteur a une dimension collective.
Le surplus du consommateur est la somme des gains à l’échange réalisés par tous les consommateurs participant au marché.
Le surplus du producteur est la somme des gains à l’échange réalisés par l’ensemble des producteurs vendant sur le marché.
Sur un graphique standard avec une courbe de demande décroissante en fonction du prix et une courbe d’offre croissante en fonction du prix, la rencontre entre les deux courbes donne le point d’équilibre.
Si on reprend le marché du pain, le prix d’équilibre est de 2 €. Dans ce cas, toutes les dispositions à payer des consommateurs sont représentées par la courbe de demande.
Exemple : le premier consommateur tout à gauche est prêt à payer 3 €, il réalise un gain à l’échange de 3 € – 2 €, soit 1 €.
Le surplus du consommateur est toute la surface comprise entre la disposition à payer maximale des consommateurs et le prix d’équilibre, soit la surface sous la courbe de demande jusqu’au prix d’équilibre (surface hachurée en vert).
Le surplus du producteur est toute la surface comprise en dessous du prix d’équilibre jusqu’à la disposition à vendre minimale, c’est-à-dire le prix minimal auquel sont prêts à vendre les producteurs (surface hachurée en orange).
Les deux surfaces forment le surplus total. Sur un marché concurrentiel, le surplus total est maximisé, ce qui veut dire qu’on ne peut pas améliorer le bien-être d’un agent sans atténuer le bien-être d’un autre agent : c’est une situation Pareto-optimale.