Conflits : panorama et typologie

Conflits : panorama et typologie

Si toutes les guerres sont des conflits, tous les conflits ne sont pas des guerres.

– CONFLIT : renvoie à tous types d’affrontements qui vont de la dispute à l’affrontement armé.

– GUERRE : désigne le conflit armé à proprement parler.

 

I. La guerre, un conflit armé

 

La guerre est un conflit armé dans le droit juridique international. Qu’est-ce qu’un conflit ? Conflictus signifie en latin « le choc ». C’est lorsque deux ou plusieurs entités s’opposent à partir d’idées contraires et peuvent s’affronter depuis la simple dispute verbale jusqu’à la guerre, qui implique l’emploi de la violence de masse, de destructions physiques et psychologiques.

Il ne faut pas confondre le conflit en général et la guerre. Exemple : début 2020, le général Soleimani, chef de la milice iranienne Al-Qods en Irak est assassiné par une frappe de drone américain. Cet assassinat politique s’inscrit dans un conflit politique, diplomatique et idéologique entre les États-Unis et l’Iran. Le désaccord débouche sur un conflit politique qui génère une frappe de missile avec destruction et meurtre d’un haut-gradé iranien. Pourtant, il ne s’agit pas d’un conflit armé entre les deux pays.

Le conflit ne débouche donc pas toujours sur la guerre. Il peut déboucher sur une négociation et un apaisement. L’institut d’Heidelberg, qui étudie les conflits dans le monde, en recense environ 400 par an depuis les années 2010. Sur ces 400 conflits, il n’y a qu’une vingtaine de guerres majeures ouvertes de type civile ou militaire. En ce début de XXIe siècle, même si la conflictualité est omniprésente, il y a moins de violences qu’au XXe siècle, notamment avec ses guerres mondiales et ses massacres de masse.

La paix se définit comme l’absence de guerre entre deux entités. Cela signifierait que la situation normale serait une situation de conflits, voire de guerre et que la paix est une sorte de parenthèse dans une géopolitique conflictuelle.

 

II. Guerre et politique

 

Depuis les travaux de Carl von Clausewitz, officier prussien du XIXe siècle, la guerre peut être présentée comme « la continuation de la politique par d’autres moyens ». Il montre qu’il s’agit donc d’un acte de violence délibéré et collectif. La collectivité qui mène la guerre poursuit des objectifs politiques. Clausewitz définit la guerre comme un moyen d’utiliser la violence pour amener l’ennemi à agir comme on le souhaiterait. C’est l’ultime recours lorsque toutes les ressources de la diplomatie et de la politique ont été épuisées.

Après 1945 et jusqu’à aujourd’hui, il faut se poser la question de la validité de la formule de Clausewitz. Est-il toujours possible de lier guerre et politique dans un monde où l’arme atomique permet la dissuasion ? Dès la Guerre froide, les deux superpuissances (États-Unis et URSS) ont évité de s’affronter militairement, et ainsi de continuer la politique par des moyens militaires dans la mesure où la crainte de la guerre nucléaire était omniprésente. Au début, il n’y avait que deux puissances nucléaires. Le groupe s’est élargi au Royaume-Uni, à la France et à la Chine. Depuis les années 1990-2000, le club des puissances nucléaires est au nombre de neuf. Malgré ce nombre, la dissuasion fonctionne encore.

 

III. Différents types de guerre (selon les Conventions de Genève 1949)

 

Il existe une typologie établie par l’ONU dans le cadre des Conventions de Genève de 1949 qui sont des conventions sur le droit humanitaire international, complété et redéfinit en 1977. Dans la convention de Genève, on compte 9 grands types de guerres possibles qui s’articulent autour de deux grandes familles :

 

conflits

 

A. Les conflits armés internationaux

Après la Guerre froide, ces conflits ont tendance à diminuer pour prendre la forme de conflits armés non internationaux. Ils constituent la forme la plus classique, comme dans les deux guerres mondiales avec des variantes :

– Occupation militaire : comme pendant la Seconde Guerre mondiale en France.

– Avec contrôle de territoire sans occupation militaire : comme les guerres israélo-arabes et l’occupation de la Bande de Gaza, en 1967, au détriment de l’Égypte mais qui depuis les années 2000 n’est plus occupée militairement même si Israël contrôle les frontières.

– La guerre au terrorisme : lancé par les États-Unis et par l’Occident en différents endroits du monde. Cela s’est traduit par l’intervention militaire allié de l’OTAN en Afghanistan ou de la coalition pro-américaine Irak en 2003.

 

B. Les conflits armés non internationaux qui renvoient essentiellement à des guerres civiles

– Conflits avec interventions étrangères : comme dans la guerre civile syrienne depuis 2011 avec les interventions de la Russie, des États-Unis, de l’OTAN, de l’Iran.

– Conflits avec interventions de forces multinationales : coalitions militaires constituées avec ou sans l’accord de l’ONU comme en Irak entre 2003 et 2011.

– Conflits exportés : comme le conflit rwandais exporté en République démocratique du Congo et dans l’ensemble de l’Afrique des Grands Lacs, ce qui a créé un conflit entre plusieurs dizaines de pays qui s’affrontèrent entre 1997 et 2003.

– Conflits transfrontaliers : ils franchissent les frontières des États-Nations comme en République démocratique du Congo où la région frontalière du Kivu est devenue une zone grise où de multiples belligérants s’affrontent dans un déchaînement de violence. Clausewitz appelle cela la montée aux extrêmes.

Des violences graduelles sont visibles dans ce classement. On utilise la violence de masse, la destruction ce qui amène, en général, à une escalade avec la montée aux extrêmes. Tous les conflits ne relèvent pas d’une guerre, mais plutôt de disputes et d’oppositions avec des violences seulement ponctuelles, comme dans le Donbass en Ukraine.

 

Conclusion

 

Il faut bien différencier le conflit d’une manière générale, de la guerre qui ne représente qu’un certain type de conflits, qui aujourd’hui se raréfient dans le monde actuel. 

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