Découverte du monde et rencontre des cultures : pistes et problématiques
Découverte du monde et rencontre des cultures
I. Définitions
Découverte : Il est possible de relier le concept de découverte au concept grec d’aletheia, c’est-à-dire de vérité. C’est un terme d’abord utilisé par Parménide et ensuite repris bien plus tard par le philosophe Heidegger. Aletheia signifie littéralement « absence de l’oubli ». En effet, selon la mythologie grecque, le Léthée est le fleuve de l’oubli qui se trouve dans les Enfers. Précédé du préfixe privatif « a », cela signifie donc littéralement « sans oubli ». Il est possible de traduire ce terme par l’idée de dévoilement, le fait de se souvenir à nouveau de quelque chose ou d’arrêter d’oublier quelque chose. Dé-couvrir quelque chose, c’est aussi dé-voiler cette chose, enlever le voile qui la recouvre.
L’expression « découvrir le monde » ne renvoie donc pas à l’idée de le créer ou de l’inventer mais d’enlever le voile qui empêchait de le voir.
Rencontre : Il est également possible de problématiser cette notion en remarquant que le terme de « rencontre » comporte le terme « contre ». En plus de l’idée de mise en présence et même de contact, cette notion comporte également l’idée d’une opposition possible, voire d’un conflit. Il y a une connotation potentiellement négative qui renvoie à l’idée de confrontation. Il y a également une idée sous-entendue d’horizontalité : dans une rencontre il n’y a pas de partie supérieure à l’autre, les deux se trouvent sur un pied d’égalité.
La rencontre peut être positive et mener à des échanges ou au contraire être négative et aboutir à des rapports de force.
Le monde et les cultures : Il est possible de définir le « monde » comme un ensemble de lieux (au sens premier) mais aussi d’objets et de personnes. Cet ensemble de personnes est ici désigné plus spécifiquement par la notion de « culture », la culture étant un ensemble de valeurs (ce qu’on pense bien ou mal), de croyances (ce qu’on croit vrai ou faux), d’habitudes (la manière dont on se comporte, transmise d’une génération à une autre) qui sont partagées et véhiculées par un groupe. Souvent, lorsqu’on essaie de sauver une culture c’est également qu’on cherche à préserver la cohésion d’un groupe.
II. Histoire et contextualisation
Cette thématique a des racines anciennes. En effet, les Hommes ont commencé à découvrir le monde et à rencontrer différentes cultures dès l’Antiquité (en se plaçant d’un point de vue européen) par le biais notamment d’Alexandre le Grand, qui n’était pas explorateur (et l’emploi du terme serait d’ailleurs anachronique) mais qui a tenté de conquérir de nouveaux territoires. Il est allé jusqu’en Inde et est mort là-bas âgé d’une trentaine d’années. Il a ainsi rencontré d’autres cultures. Ces rencontres sont narrées dans sa légende dès l’Antiquité et se transmet ensuite dans de nombreuses langues différentes sous la forme de « romans d’Alexandre » qui ont pour beaucoup été écrits au Moyen Âge.
Au Moyen Âge, les européens continuent à découvrir le monde et différentes cultures car la pratique du voyage est assez développée et les routes commerciales sont largement empruntées. C’est ce dont témoigne le texte de Marco Polo, Le Devisement du monde (le fait de détailler, de décrire le monde), écrit en français. Marco Polo était un marchand de soie de Venise. Le texte fait le récit du voyage de Marco Polo jusqu’en Chine (qui est par ailleurs contesté par certains historiens en raison d’incohérences dans le texte).
La date clef qui a contribué à remettre en cause la vision du monde qu’avaient les européens jusqu’alors est 1492, avec la découverte du Nouveau Monde (les Amériques) par Christophe Colomb et Amerigo Vespucci. C’est alors tout un continent qui se révèle. Cette découverte entraîne des confrontations entre les cultures.
Remarque : la dernière terre a avoir été découverte est l’île de Tahiti au XVIIIe siècle, ce qui entraîne un regain de récits de voyages dans la littérature et de réflexions sur la confrontation des « mondes ».
III. Problématiques possibles
– En quoi la découverte de nouvelles cultures remet-elle en question la nôtre ?
– Qu’apporte le relativisme culturel à la morale ?
Le relativisme culturel est le fait de relativiser le bien-fondé d’une culture par comparaison avec une autre culture. Le relativisme culturel part du parti pris que toutes les cultures se valent et qu’en les comparant il est possible de faire progresser une culture en se nourrissant des atouts et des bienfaits des autres.