Le commentaire linéaire à l’oral
I. Définition de linéaire
Le terme linéaire vient du mot ligne. Une progression linéaire est une progression par ligne, en suivant l’ordre du texte.
II. Différence commentaire composé/linéaire
Qu’est-ce qu’un commentaire linéaire et en quoi diffère-t-il d’un commentaire composé ?
Le commentaire linéaire est une composition à partir de l’ordre du texte tandis que le commentaire composé se construit autour de plusieurs éléments présents dans le texte, selon un agencement logique et personnel.
Comment construire un commentaire composé ?
Un commentaire composé consiste donc à prendre des éléments du texte et de les articuler autour d’un axe de lecture. L’axe de lecture s’apparente à une thématique clé du texte ou de son contexte, comme par exemple un texte romantique.
Comment construire un commentaire linéaire ?
Dans un commentaire linéaire, l’explication se fait en fonction des décisions de l’auteur. Il ne s’agit plus de rechercher de grandes thématiques communes au texte mais d’analyser le texte en fonction de son articulation. Pour construire le plan, il faut suivre le plan du texte.
III. Comment s’y prendre le jour J ?
Voici quelques pistes pour construire un commentaire linéaire. Ces étapes se réalisent au brouillon.
A. Découper le texte
Avant d’en dégager les grandes parties, il faut s’interroger sur le mouvement du texte. Le mouvement du texte correspond à l’articulation des parties et à leurs cohérences internes. Afin de faciliter la découpe du texte, il est conseillé de trouver un titre pour chaque partie, au fur et à mesure. Par exemple, une première partie peut avoir comme titre un dialogue romantique tandis que la deuxième partie peut avoir comme titre un coup de théâtre tragique et la troisième partie une esquisse de réponse.
B. Entrer dans le détail du texte
Pour ce faire, vous devez commenter chaque partie du texte, phrase par phrase. Attention, le but de ce travail n’est pas de citer les phrases telles qu’elles sont inscrites dans le texte mais de trouver des paraphrases permettant d’en expliquer le sens. Ce travail permet également de relever le style du texte comme les figures de styles ou les temps des verbes (passé, présent, subjonctif, etc.). Enfin, l’analyse méthodique des phrases doit aussi être l’occasion de relever les références de l’auteur. Il peut s’agir de références à l’Histoire, à la littérature, etc. Ces références ne sont pas forcément explicites dans le texte, il faut donc faire appel à sa culture générale pour déceler les références dissimulées par l’auteur. Ce deuxième temps de préparation au brouillon permet de trouver des éléments argumentaires.
En définitif, l’enjeu de ce commentaire linéaire est la compréhension du texte. Il ne s’agit pas d’une interprétation. L’interprétation a lieu dans un commentaire composé. Attention à ne pas se tromper.
Juste la fin du monde, Lagarce - Oral
À la fin de l’oral du baccalauréat de français, il faut présenter une œuvre et donner son avis sur l’œuvre. Si vous choisissez Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, vous vous distinguez comme un bon lecteur parce que c’est une pièce difficile et la choisir donne bon signe à votre examinateur.
Pour vous préparer aux questions de l’examinateur après l’exposé, voici cinq questions pour anticiper vos réponses : deux questions de connaissances ; trois questions d’avis personnel.
A. Les questions de connaissances
En quoi l’écriture de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce est-elle contemporaine ?
C’est au cœur du sujet avec Lagarce, c’est la raison pour laquelle il n’est pas souvent choisi par les élèves et par les professeurs. C’est une écriture particulière avec beaucoup de répétitions, de silence, de décalage entre les questions/les réponses ou les tirades du locuteur et de l’interlocuteur.
En France, dans l’écriture contemporaine du théâtre et du roman, il y a ce travail sur la difficulté à communiquer et à se comprendre entre êtres humains. Au théâtre, tout repose sur le langage, sur le dialogue. Si les personnages ne se comprennent pas, cela pose un vrai problème et cela dit quelque chose du monde et des difficultés à nouer des relations et à vivre ensemble.
C’est en cela que l’écriture de Lagarce est contemporaine, comme le montre la scène où Louis parle à sa mère : ils essayent de se comprendre même s’ils ne se sont pas vus depuis des années.
Lagarce s’est dit l’héritier de Beckett et de Ionesco : pouvez-vous comparer sa pièce aux leurs ?
Cela suppose de connaître Beckett (tragique) et Ionesco (comique) et d’avoir assez d’éléments pour pouvoir faire ces comparaisons. Le lien entre Beckett et Ionesco est le théâtre de l’absurde. Leurs pièces sont toujours autour de l’absurde. Et c’est aussi ce que veut faire Lagarce : dans sa pièce, il parle de l’absurde, de l’absurde des relations humaines qui conduit souvent à la séparation plutôt qu’au rire.
Beckett, En attendant Godot : Pièce où deux personnages attendent un troisième personnage, Godot. Ils l’attendent, il n’arrive pas. Dans la deuxième partie de la pièce, c’est un nouveau jour, ils l’attendent à nouveau et il n’arrive toujours pas. C’est une pièce absurde puisqu’eux et le public passent leur temps à attendre quelque chose qui n’arrive pas ; les discussions et la situation sont aussi absurdes. Tout cela a pour but de faire réfléchir sur l’absurdité de la vie (cette pièce a été écrite après la Seconde Guerre mondiale). Lagarce est aussi dans cette situation : son personnage Louis vient dans sa famille pour leur annoncer qu’il est malade et qu’il va mourir, mais il ne va pas leur dire. Le public attend cette révélation, ce climax, cette apogée du dramatique, mais cela n’arrive pas. Il y a un lien entre Beckett et Lagarce pour cela.
Ionesco, La Cantatrice chauve : C’est une pièce où Ionesco raconte un dîner de deux couples. Il y a des situations très mondaines, les personnages parlent, ils parlent tellement de tout et de rien que cela devient loufoque et comique. La situation peut se comparer à Juste la fin du monde : c’est aussi un repas où l’on va échanger beaucoup de banalités, ils vont parler du sport que fait la mère. Il fait le choix de mêler les choses du quotidien, du concret, du banal au drame qui est sa propre mort à venir.
B. Les questions d’avis personnel
Pouvez-vous parler d’une mise en scène de cette pièce ? La trouvez-vous pertinente ?
Si vous n’avez pas pu voir des captations de théâtre, vous pouvez évoquer le film de Xavier Dolan. Parler de mise en scène, c’est dire quelle est l’époque, quels sont les acteurs, quel est le jeu (réaliste ou exagéré), quels éléments (décors, musique, effets sonores, visuels…) font réfléchir, etc.
« La trouvez-vous pertinente ? » : est-ce que vous trouvez l’adaptation ou la mise en scène fidèle au texte ? Est-ce que vous la trouvez intéressante ? Est-ce que vous avez eu d’autres compréhensions ? Avez-vous ressenti quelque chose de particulier ?
Qui voyez-vous dans le rôle d’Antoine ?
Vous pouvez vous référer à l’acteur qui a joué le rôle d’Antoine, dans l’adaptation au cinéma, Vincent Cassel. Antoine est le frère agressif, jaloux de Louis. Il faut donc un acteur qui fasse peur, qui soit violent.
Quel autre titre donneriez-vous à cette pièce ?
C’est une question piège car cela suppose d’avoir assez de recul sur la pièce pour proposer quelque chose de nouveau. Si vous êtes perdus sur ce genre de questions, alors partez du vrai titre. Demandez-vous pourquoi l’auteur a choisi ce titre. Ici, l’auteur a choisi ce titre car « la fin du monde » est ce que Louis attend. « Juste » est une manière d’atténuer le fait de mourir. C’est paradoxal car le fait de mourir est quelque chose de grave. Il y a quelque chose de désabusé dans le titre.
Exemple d’autre titre : « Un repas de famille ».