La mise en oeuvre du projet républicain
Ce projet concerne la Troisième République qui commence en 1870. Ce régime est aujourd’hui le plus long qu’a connu la France puisqu’il dure jusqu’en 1940. Il est associé à la familiarisation des Français avec la république. La république a déjà fait deux apparitions : une fois pendant la Révolution française et une fois en 1848. Elles ont été très brèves et n’ont pas instauré d’esprit républicain.
Les républicains existent depuis le début du XIXe siècle et obtiennent satisfaction en 1870 mais dans des conditions particulières. Quel est le contexte et en quoi cette république est-elle mal née ?
I. Une république mal née
A. Un régime par défaut
On peut dire que la république est mal née car elle est proclamée au moment où la France perd la guerre contre la Prusse, guerre déclenchée par Napoléon III. Il y a donc un vide de pouvoir car l’empereur Napoléon III est fait prisonnier. Faute de mieux, on proclame une république car il n’y a plus d’empereur. Il y a donc des regrets dans la proclamation de cette république de 1870.
De plus, la république commence par l’écrasement brutal de la révolte parisienne de la Commune en 1870-1871. Le gouvernement qui s’est réfugié à Versailles donne l’assaut en 1871. Dès 1871, on comprend que la république sera donc conservatrice. Elle est dirigée par Adolphe Thiers (1797-1877), personnalité politique qui a traversé le XIXe siècle.
B. Menacée par une restauration
La république est menacée au moins jusque dans les années 1870 par une possible restauration, un retour à la monarchie. Curieusement, les premières élections qui ont lieu en 1871, donnent la majorité aux royalistes dans une France théoriquement républicaine. En 1873, il est de plus en plus question de revenir à la monarchie. Le comte de Chambord semble être la personne idéale mais il refuse le drapeau bleu-blanc-rouge car il est attaché au drapeau blanc. A cause de ce différent sur les symboles, la Restauration n’a pas lieu. Mais cette possibilité de revenir à la monarchie est inscrite dans les lois constitutionnelles de 1875 (si l’on remplace le président de la République par un roi, les institutions peuvent continuer de fonctionner sur le mode d’une monarchie parlementaire).
C. Qui s’affirme à partir de 1875
La république s’affirme en 1875, date à laquelle les lois constitutionnelles ont été adoptées. En 1876, la deuxième élection législative donne cette fois une majorité aux républicains. Comment expliquer ce changement ? Les ralliements ont été importants. Tout d’abord les Orléanistes, favorables à un système parlementaire. Les entrepreneurs ont également rallié cette république et ils comprennent qu’ils pourront mieux exercer leurs activités dans le cadre d’une république que dans le cadre d’une monarchie.
II. L’enracinement républicain
A. Par la loi
La IIIe République est à l’origine de plusieurs grandes lois que nous connaissons toujours :
– La loi de juillet 1880 par exemple sur la liberté de la presse. À partir de cette date, il y a une multiplication des publications journalistiques.
– Les lois de 1884 : Elles offrent une liberté municipale et la liberté syndicale.
– La loi de 1901 : Concerne la liberté d’association qui modifie radicalement la vie sociale en France. Elle permet la création de partis politiques.
B. Par la diffusion de l’esprit républicain
Les symboles permettent la diffusion de l’esprit républicain. À travers ce tableau qui dépeint une scène de vote, les symboles républicains apparaissent clairement. On y voit le drapeau tricolore adopté définitivement en 1830, ou Marianne, l’allégorie et symbole de la république. Il y a d’autres symboles : En 1879, on choisit La Marseillaise comme hymne national. On choisit en 1880, le 14 juillet comme jour férié.
Sur ce tableau, on remarque la grande solennité qui est raccordé au vote. On voit des personnages de conditions modestes, classe moyenne, ouvrière qui votent de façon extrêmement sérieuse. À partir de cette date, quand le suffrage se généralise, il devient un moyen de se conduire en bon républicain.
Les lois scolaires sont un formidable moyen de fortifier l’esprit républicain. Il y a deux grandes lois scolaires en 1881 et 1882 : elles font de l’école française une école laïque gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 13 ans et diffuse l’alphabétisation dans la France du XIXe siècle. Ainsi, à la veille de la Première Guerre mondiale, la quasi-totalité de la population française est alphabétisée.
C. Par la laïcité
Les lois scolaires nous amènent à la question de la laïcité. Les rapports avec l’Église au XIXe siècle ont été extrêmement compliqués. À partir de la loi de décembre 1905 nommée « Loi de séparation de l’Église et de l’État », la république devient laïque, neutre en matière religieuse car il n’y a pas de religion officielle, mais par ailleurs toutes les religions peuvent s’exprimer librement dans le cadre de l’ordre public.
III. Des oppositions
A. Le courant de la réaction
Les oppositions sont portées par des individus hostiles à la république. Ils sont hostiles à l’activité parlementaire, ils sont nationalistes et souvent xénophobes (hostile à l’étranger). Ils sont également antisémites (hostile à la population juive de France qu’on accuse de mal s’assimiler dans la Nation).
L’affaire Dreyfus entre 1894 et 1906, est emblématique de ce courant de refus de la république marqué avant tout par un antisémitisme très fort.
B. La république sociale
Une autre opposition est portée par les socialistes et les anarchistes. Les premiers élaborent une doctrine politique tandis que les seconds portent leurs revendications par la violence. Les socialistes estiment que cette république libérale a négligé le sort des ouvriers et la question sociale. Pour eux, la république n’est pas complète tant qu’elle n’a pas donné des droits et amélioré la condition des travailleurs.
Ces deux courants vont pouvoir s’exprimer. Le courant de la réaction reviendra en force au moment du régime de Vichy, en 1940 quand tous les antirépublicains vont pouvoir s’exprimer dans des conditions dramatiques avec le collaborationnisme. Juste après, la république sociale prendra sa revanche quand, en 1946, la IVe République est fondée et cette république sera sociale, avec un État-providence et une protection sociale accordée à tous.