Les procédés de modalisation
I. Qu’est-ce qu’un procédé de modalisation ?
Pour comprendre ce que sont les procédés de modalisation, il faut faire la distinction entre ce qu’est un énoncé objectif et un énoncé subjectif. Dans l’énoncé objectif, l’énonciateur reste neutre, il livre l’information sans laisser deviner ce qu’il pense de cette information ; alors que dans l’énoncé subjectif, l’énonciateur livre son sentiment ou son opinion au sujet de ce qu’il dit.
Pour exprimer cette subjectivité, l’énonciateur peut manifester un doute, la probabilité, un sentiment, un jugement mélioratif (positif) ou péjoratif (négatif). Il peut également manifester son opinion personnelle, en faisant comprendre qu’il s’agit bien de son opinion et non de celle d’un d’autre. Il peut au contraire mettre à distance l’opinion d’autrui et il peut aussi manifester sa certitude.
II. Quels sont les procédés les plus courants pour exprimer la subjectivité ?
– Le vocabulaire péjoratif ou mélioratif. Par exemple, dans « d’affreux cheveux jaunâtres », on sent bien que « affreux » et « jaunâtres » expriment un jugement péjoratif de la part de l’énonciateur, alors qu’au contraire, dans « un héros au regard conquérant », « héros » est un mot mélioratif, de même que « conquérant ». On a donc un jugement mélioratif de la part de l’énonciateur.
– Les adverbes. Certains adverbes sont porteurs de subjectivité. « Il est peut-être coupable » est différent de « il est assurément coupable ». Dans la première version, « peut-être » sert à exprimer le doute de l’énonciateur, alors que « assurément » exprime sa certitude.
– Les verbes. Certains verbes sont également porteurs de subjectivité. « Je sais que tu mens » ou « je pense que tu mens ». Dans « je sais que tu mens » on a la certitude ; dans « je pense que tu mens », on a l’expression d’une opinion personnelle de l’énonciateur. Également, dans « j’espère que tu plaisantes », l’énonciateur exprime ici un sentiment, c’est-à-dire, le souhait.
– Le mode conditionnel a toujours une valeur modalisatrice. « Ce serait lui qui aurait volé la clé ». En employant le conditionnel au lieu de dire « c’est lui qui a volé la clé », l’énonciateur montre qu’il émet une distance, un doute quant à l’information « il a volé la clé ».
– Certaines expressions permettent d’exprimer sa subjectivité. Par exemple : « D’’après lui, Tom est coupable. Pour ma part je n’en sais rien ». L’expression « d’après lui » est une mise à distance de l’opinion d’autrui. L’énonciateur montre par cette expression que ce ne sont pas ses mots, ce n’est pas son opinion. Au contraire, l’expression « pour ma part » montre l’expression d’une opinion personnelle de l’énonciateur.
– Les figures de style. Certaines figures de style ont une valeur soit méliorative, soit péjorative. Par exemple « Tu as agi comme un débutant » a valeur d’un jugement péjoratif. Il s’agit d’une comparaison.
– La ponctuation. La ponctuation peut avoir une valeur subjective. Par exemple, dans « ce « grand » homme », lorsque l’on met des guillemets, c’est soit pour montrer que l’on cite quelqu’un, soit pour montrer que l’on n’est pas tout à fait d’accord avec ce mot, « grand » : on le met à distance de son propre jugement, de son opinion personnelle. « Lui, coupable… Vous croyez ? » : dans cet exemple, les points de suspension et le point d’interrogation montrent le doute, l’incertitude.