Poésie engagée et poésie moderne
La poésie engagée est une poésie de révolte idéologique. Le poète se donne pour mission d’éveiller les consciences. Le poète est le porte-parole des opprimés et des exclus, le défenseur des valeurs qu’il juge en péril. Exemple : la paix, la justice, la liberté.
La poésie engagée a une intention argumentative : il faut faire réagir, éveiller les consciences. Pour cela, le message et le langage doivent être clairs et simples. Le poète emploie la première personne « je » pour montrer qu’il est un acteur des événements. L’engagement se traduit dans plusieurs domaines : politique, social, etc.
La poésie moderne est souvent une poésie engagée. Le traumatisme des deux guerres a poussé les poètes à s’interroger sur le rôle de la poésie dans la société.
Exemple ci-dessous : Le Déserteur de Boris Vian (1954)
« Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens »
Il écrit sous forme de poésie une lettre au Président qui exprime son désir de déserter.
La poésie moderne remet en question le lyrisme et le goût du rêve du romantisme en vogue au XIXe siècle. Elle se tourne également vers une libération formelle, qui se traduit par l’emploi de vers libres et de poèmes en prose, et une libération des thèmes qui se diversifient.
Les poètes s’émerveillent et apprennent au lecteur à s’émerveiller devant la banalité du quotidien.
Cette poésie moderne se caractérise par un renouvellement du langage. Les poètes de la modernité emploient des termes autrefois exclus des codes de la poésie traditionnelle et en inventent même de nouveaux. Exemple : les surréalistes, au début du XXe siècle, vont jusqu’à créer un laboratoire de création du langage : Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle).
Le saviez-vous ? En littérature, l’engagement ne date pas d’hier. Au IIe siècle après J.-C., Juvénal critiquait déjà les mœurs de son temps. Au XVIe siècle Ronsard s’insurgeait contre la guerre civile. Au XIXe siècle, Victor Hugo critiquait avec virulence Napoléon III. L’engagement ne se limite pas au genre poétique, il touche tous les autres genres littéraires : le roman, le théâtre, mais aussi les autres domaines artistiques. Par exemple, Picasso a peint des tableaux contre le fascisme.
Rappels sur la poésie
Il existe deux grands types de vers : la poésie en vers, qui est la plus ancienne, et la poésie en prose, qui est la plus moderne, puisqu’elle date du XIXe siècle. La poésie en vers est plus traditionnelle.
I. Les strophes
La poésie traditionnelle, en vers, est souvent organisée en strophes. Une strophe est un regroupement de vers. Parmi ces poésies, il y en a qui sont des formes fixes, c’est-à-dire qui sont des formes utilisées ou qui ont été utilisées par plusieurs poètes dans l’histoire de la poésie.
Parmi ces formes fixes, une des plus connues est le sonnet : c’est une poésie composée de deux quatrains (des groupes de 4 vers) et de deux tercets (deux strophes de 3 vers). Les vers se reconnaissent à leur nombre de syllabes.
II. Les vers
Les trois types de vers les plus connus sont :
– les octosyllabes : les vers de 8 syllabes,
– les décasyllabes : les vers de 10 syllabes,
– les alexandrins : les vers de 12 syllabes.
Pour compter les syllabes, il ne faut pas oublier deux règles :
La règle du (e) muet
Le (e) ne se prononce pas devant une voyelle, il se prononce devant une consonne.
Exemple de vers dans « Mon Rêve familier », Paul Verlaine :
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime »
Le (e) de rêve ne compte pas comme une syllabe puisqu’il est suivi du (e) d’« étrange ».
Dans le vers suivant, le (e) de « D’une » se prononce comme une syllabe puisqu’il est suivi par la consonne (f) du mot « femme ». Il y a douze syllabes, donc ce poème est en alexandrin.
La règle de la diérèse
Une diérèse est le fait de prononcer un groupe de deux voyelles comme deux syllabes. Par exemple, le terme « délicieux » peut se prononcer « dé-li-cieux » en trois syllabes ou encore il peut se prononcer « dé-li-ci-eux » en quatre syllabes. Dans ce dernier cas, il s’agit d’une diérèse. La diérèse est une figure qui s’interprète quand un poète met volontairement une diérèse comme le rallongement d’un mot ou comme l’ajout d’un (i) supplémentaire. Il est possible de s’en servir dans l’analyse de texte.
III. Les rimes
Dans la poésie traditionnelle, les vers riment entreeux. Il y a trois grands modèles de rimes :
– les rimes plates AABB,
– les rimes croisées ABAB,
– les rimes embrassées ABBA.
Quand les vers ne riment pas entre eux et n’ont pas le même nombre de syllabes, il s’agit des vers libres. Le vers libre est plutôt utilisé à la fin du XIXe siècle, début du XXe siècle. Il est plus moderne que le vers traditionnel.
IV. Poésie en prose
Quand la poésie ne rime pas et n’est pas organisée en vers ni en strophe, il s’agit de poésie en prose. Une poésie en prose se présente comme un petit paragraphe de texte indépendant. Il s’agit quand même de poésie parce que le texte est indépendant et également parce que tous les autres procédés de la poésie sont réunis dans ce texte (métaphores, comparaisons, procédés poétiques, figures de rythmes, figures de sons, répétitions sonores) même s’ils ne sont pas organisés en vers comme dans la poésie traditionnelle.