La ruse dans la fable
I. Histoire de la fable
La fable est un genre littéraire. On appelle l’écrivain des fables un fabuliste. Les fables existent depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Les auteurs antiques célèbres sont Ésope pour l’Antiquité grecque (au VIe siècle avant J.-C.) et Phèdre pour l’Antiquité latine (au Ier siècle avant J.-C.). Le fabuliste français le plus célèbre est Jean de La Fontaine, qui a écrit au XVIIe siècle.
L’histoire des fables nous apprend que la fable est avant tout une histoire de la réécriture. Par exemple, la fable « Le Renard et la Cigogne » a été écrite par Ésope au VIe siècle avant J.-C., puis par Phèdre au Ier siècle avant J.-C., et bien des siècles plus tard, par La Fontaine au XVIIe siècle.
II. Comment la reconnaître ?
Une fable est un court récit, autrement dit, elle raconte une histoire. La fable est écrite en vers ou en prose. Dans l’Antiquité, très souvent les fables sont en prose, La Fontaine, quant à lui, écrit ses fables en vers. Les fables mettent souvent en scène des animaux. Enfin et surtout, les fables comportent une morale, une leçon de sagesse.
III. La ruse
La ruse est avant tout perçue dans les fables comme une qualité, puisqu’il s’agit d’un signe d’intelligence d’un personnage, capable de monter des stratagèmes. Le personnage rusé sort toujours gagnant du récit, tirant profit du manque d’intelligence des autres personnages, qui ne réalisent pas qu’ils se font duper.
Dans la fable « Le Corbeau et le Renard », le renard est un personnage rusé et gagnant, mais il ne se situe pas du côté des bons, du côté de la morale. Il joue de la faiblesse du corbeau : celui-ci est sur un arbre perché et détient un fromage, que le renard ne peut pas atteindre. Le renard ne peut donc pas employer la force pour obtenir ce qu’il souhaite, une option qu’il aurait sans doute adoptée si le corbeau avait été sur le sol. Le renard est donc contraint d’avoir recours à la ruse pour obtenir le fromage, et va employer la flatterie pour parvenir à ses fins. Le renard se retrouve ainsi dans la position du voleur, mais ce n’est pas cela qui est condamné par la fable. Ce qui est dénoncé, c’est la vanité du corbeau. Par la ruse, le renard sort gagnant de l’histoire, à la fois parce qu’il a obtenu son fromage mais également parce qu’il n’est pas condamné par le fabuliste. C’est le corbeau qui perd le fromage, et avec lui sa dignité puisque sa vanité est tournée en dérision.
La ruse est par ailleurs tournée en moyen de survie, puisque ceux qui ne sont pas capables d’être rusés sont toujours les perdants des fables.
Dans la fable « Le Loup et l’Agneau », le loup, le personnage le plus fort, fait preuve de mauvaise foi. Il veut manger l’agneau et trouve tous les prétextes pour lui chercher querelle. La faiblesse de l’agneau, c’est qu’il répond toujours avec honnêteté. Cette honnêteté est condamnée puisque l’agneau n’a pas été capable de ruser pour avoir la vie sauve. C’est ainsi à cause de cette faiblesse, de ce défaut d’intelligence qu’il ne voit pas dans le loup un personnage dangereux qui ruse pour parvenir à ses fins. Ne mettant pas en place de stratagèmes pour se sortir de cette situation, l’agneau fait preuve d’une bêtise qui le conduit à la mort.
Ainsi, si on ne déploie pas de ruse, alors « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Toutefois cette maxime aurait pu être contrecarrée si l’agneau avait employé la ruse.