La Seconde Guerre mondiale, ampleur du conflit et violences de guerre
I. Le « conflit de référence »
Effectivement, la Seconde Guerre mondiale est la guerre la plus destructrice que le monde ait connu au XXe siècle mais aussi dans toute l’histoire de la guerre.
A. Une guerre vraiment mondiale
Elle commence en Asie dès les années 1930 avec l’expansion du Japon mais au milieu de 1942, toute l’Europe est sous la logique de l’Allemagne nazie conquérante puisque les pays sont soit occupés par l’Allemagne, soit ils résistent, comme le Royaume-Uni. Ils peuvent aussi être dans une position de neutralité. Enfin, les conquêtes réalisées par Hitler déterminent le destin de l’Europe pendant plusieurs années.
La guerre est plus mondiale que le conflit de 1914 principalement à cause de l’intervention des deux géants que sont les États-Unis et l’URSS qui entrent véritablement dans le conflit au même moment, pendant la deuxième moitié de l’année 1941. Dans le cas de l’URSS, c’est le retournement de l’Allemagne contre elle qui détermine son engagement.
Il faut aussi mentionner le rôle des autres États et notamment des territoires d’outre-mer puisque les colonies sont totalement impliquées dans le conflit à la fois par la mobilisation de leurs combattants mais aussi par l’usage de leur territoire et les batailles qui s’y déroulent.
B. Les grandes phases de la guerre
On peut déterminer trois grandes phases de la guerre :
1. Jusqu’à 1941, cette phase correspond à la conquête réussie des nazis. En 1941, l’Allemagne nazie a atteint sa plus grande extension.
2. De 1941 à 1943 c’est un tournant avec l’intervention des États-Unis (décembre 1941) et le retournement de l’Allemagne contre l’URSS avec le plan Barbarossa (juin 1941). Durant cette période, la bataille de Stalingrad représente un tournant de la guerre puisqu’elle introduit la troisième étape.
3. De 1943 à 1945 c’est le moment de reflux des armées allemandes qui reculent sur le territoire initial, prémices de la défaite de l’Allemagne. On peut évoquer l’opération Bagration qui est le processus de reconquête des territoires de l’Est par l’Armée rouge lorsqu’elle a pu combattre contre la Wehrmacht.
C. Une guerre terriblement destructrice
Des moyens exceptionnels ont été mis en place et mobilisés pendant la Seconde Guerre mondiale. De ce fait, elle est véritablement la plus grande guerre industrielle. Ce sont des moyens techniques, industriels et financiers. Le président Roosevelt accorde au Pentagone un Victory Program qui prévoit des dépenses illimitées pour gagner la guerre contre l’Allemagne et contre le Japon puisque les États-Unis font le lien entre les deux théâtres d’opération en Europe et en Asie.
Les améliorations techniques conduisent à la construction d’armes extrêmement destructrices, comme les armes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki en août 1945.
Le bilan humain est considérable puisque la guerre a provoqué la mort d’environ 60 millions de personnes et surtout des civils.
II. Violences et exterminations
Ces pertes immenses sont dues à la pratique de violences de guerre extrêmement importantes, au-delà des simples violences, puisque la Seconde Guerre mondiale est aussi le temps des exterminations.
A. Brutalisations
Le contexte est marqué par la brutalisation qui définit des comportements très violents, dans les domaines militaire et politique. C’est une des conséquences de la Première Guerre mondiale où des nouvelles violences dans le combat se sont affirmées. Des populations ont été maltraitées, notamment les populations des territoires occupés par l’armée allemande et la Première Guerre mondiale est déjà le théâtre d’un génocide contre les Arméniens perpétré par l’Empire ottoman.
Ajoutons que dans les années 1930, des régimes fascistes (Italie de Mussolini et Allemagne d’Hitler) sont des régimes bellicistes qui veulent la guerre et prônent la violence. En face, l’URSS qui sera le grand ennemi de l’Allemagne à partir de 1941 est un pays qui prépare aussi les populations au sacrifice et à la résistance par la pesanteur d’un système totalitaire. L’Armée rouge paiera cher pour défaire l’armée allemande.
B. Le front de l’Est et la guerre d’anéantissement
A partir du moment où l’Allemagne envahit l’Est de l’Europe, les violences de guerre se manifestent. Les premières victimes des exactions de l’armée allemande sont les Polonais, les Ukrainiens, tous habitant sur des territoires que l’historien Timothy Snyder a appelé les « terres de sang » (voir carte). Ce sont des lieux où les populations ont été déplacées et massacrées.
C. Spécificité de la Shoah
Cette extermination se fait dans la continuité de la politique antisémite du IIIe Reich qui est une politique criminelle puisqu’elle prévoit la création d’un espace vital qui serait débarrassé des populations inférieures et notamment les Juifs. Le massacre des Juifs se fait par étape.
Dans un premier temps, par la ghettoïsation, ensuite par les exécutions par balle (la Shoah par balles) et à partir de 1941, de façon industrielle dans les camps d’extermination situés en Pologne et ailleurs. Le bilan final approche 6 millions de morts.
La Shoah se situe dans le phénomène de radicalisation de la guerre. Si l’Allemagne nazie a perdu la guerre mondiale et a été incapable de résister à la coalition de toutes les forces qui se sont abattues contre elle. Toutefois, elle aurait pu gagner la guerre de la destruction des Juifs d’Europe, ce qui est une preuve de radicalisation des comportements de guerre.
La France dans la Seconde Guerre mondiale
I. Occupation
A. Un pays mal préparé
La France peut difficilement être considérée comme un potentiel vainqueur dans les débuts de la guerre. Dès mai-juin 1940, l’armée française est vaincue par les troupes de la Wehrmacht. Le pays est mal préparé à la guerre.
La France a tout d’abord sous-estimé la menace hitlérienne dans les années 1930, elle a adopté une stratégie militaire inadaptée aux innovations qui ont eu lieu dans l’entre-deux guerres et l’Union sacrée de la Première Guerre mondiale était inexistante. Certains ont dit que la France avait « une guerre de retard » en adoptant une stratégie défensive au lieu d’une stratégie offensive, la Blitzkrieg.
B. Une bataille perdue (mai-juin 1940)
Malgré une résistance courageuse des armées françaises avec 100 000 soldats tués à la fin de l’année 1940, toute la stratégie défensive de la ligne Maginot vole en éclat, le pays s’effondre, le gouvernement et la population quittent Paris dans ce grand mouvement que l’on a appelé « l’exode ».
C. Juin 1940 en France : continuer ou arrêter la guerre ?
Le général de Gaulle préconise de continuer la guerre depuis l’Angleterre et en s’appuyant sur les colonies détenues par la France. Le Maréchal Weygand et le Maréchal Pétain considèrent quant à eux qu’il faut terminer le combat et il faut donc engager avec l’Allemagne des pourparlers en vue de conclure l’armistice. Cette position est partagée par la majorité des français malgré une défaite non victorieuse. C’est donc le régime du Maréchal Pétain qui va diriger la France durant ces quatre années d’occupation.
II. Collaboration
A. La France sur la touche
La France est soumise à des conditions d’armistice difficiles, elle est divisée en deux parties, une zone occupée au Nord et une zone libre au Sud. La France conserve formellement le contrôle de ses colonies mais c’est une mince compensation. De plus, elle ne participe pas aux grandes déflagrations qui ravagent l’Europe à partir de 1941, le grand affrontement entre l’URSS et l’Allemagne nazie ou entre les États-Unis et les puissances de l’Axe. La France est à l’extérieur de ce grand déchaînement de guerre.
B. La nature du régime de Vichy
Le régime de Vichy est avant tout anti-républicain : il se transforme en État français, un régime anti-parlementaire, à partir du 10 juillet 1940. Le régime met en place un premier statut des juifs dès octobre 1940, donc reconnaît une discrimination entre ses citoyens, ce qui est profondément anti-républicain. C’est un régime à la fois réactionnaire, dans sa façon de préconiser le retour aux vieilles traditions nationales antérieures à la République mais c’est aussi un régime modernisateur qui pense la réforme profonde de la France dans l’optique de l’après-guerre.
C. L’impasse de la collaboration
Dès octobre 1940, le Maréchal Pétain et Pierre Laval pensent qu’il est possible de s’arranger avec l’Allemagne, ce qui est fondé sur un double mauvais calcul : l’idée que l’Allemagne va gagner la guerre et qu’elle traitera bien la France si le pays collabore. Les espoirs de la France seront déçus puisqu’à mesure que la guerre se prolonge et que les difficultés de l’Allemagne grandissent à l’Est, le régime de Vichy se transforme en régime purement collaborateur et dépourvu de moyens d’action.
III. Résistance
A. Un engagement minoritaire
En 1940, au moment de la défaite, c’est un engagement extrêmement minoritaire, que ce soit celui du général de Gaulle, pratiquement isolé à Londres, ou celui d’un petit groupe de résistants français qui décident de réagir face à l’invasion allemande (sabotage, renseignement, information). Cet engagement dans la Résistance est un engagement contre l’armistice, et les résistants partagent cette idée selon laquelle la guerre peut continuer la guerre. Il s’agit donc plus d’une question de patriotisme que d’une question de tendances politiques.
B. Action et unification de la Résistance
La Résistance a été unifiée en 1943 sous l’égide de Jean Moulin avec la création du Conseil national de la Résistance (CNR).
C. Une France finalement victorieuse
La Résistance a-t-elle contribué à faire de la France un vainqueur de la Seconde Guerre mondiale ? En effet, la Résistance a aidé les Alliés en matière d’actions armées ou de renseignements, elle a aussi attiré l’opinion publique au départ plutôt pétainiste et elle a également permis à la France moralement de se retrouver dans le camp des vainqueurs en 1945.
Conclusion
La France a donc eu une position à part pendant la Seconde Guerre mondiale. D’abord parce que ce grand État avait été vaincu dès les débuts de la guerre et ensuite parce que sa division sous l’Occupation a été extrêmement particulière et parce qu’il a fallu faire des choix décisifs qui ont encore une résonance dans les mémoires qu’on entretient de ce second conflit mondial.