L'adaptabilité au stress
Par l’intermédiaire du système limbique et des glandes surrénales, face au stress, l’organisme produit deux hormones avec deux délais différents : l’adrénaline et le cortisol.
I. Les effets de l’adrénaline
L’adrénaline est produite par les cellules chromaffines dans les médullosurrénales (glandes au-dessus des reins). Ces médullosurrénales sont activées via la voie nerveuse centrale directement par l’hypothalamus. La production d’adrénaline se fait dans les quelques secondes suivant la perception d’un stimulus stressant et va activer un certain nombre de système et d’organes de l’organisme par des effets positifs.
L’adrénaline est une hormone de nature peptidique ayant un effet sur de nombreux organes de notre corps (liste du schéma non exhaustive) :
– Effet sur le cœur : lorsqu’il y a un pic d’adrénaline, il y a augmentation de la fréquence cardiaque. Le cœur bat plus vite : l’effet de l’adrénaline est un effet chronotrope positif. Il y a aussi un effet inotrope positif : les cellules cardiaques se contractent plus fortement sous l’effet de l’adrénaline. Cette contraction forte fait que le volume de sang éjecté à chaque contraction est plus important.
On augmente ainsi le volume d’éjection systolique et la fréquence cardiaque. Or, ces deux facteurs déterminent le débit cardiaque. Il y a plus de sang éjecté par le cœur à la suite de l’influence de l’adrénaline. Il y a aussi une augmentation de la pression artérielle (pression exercée par le sang sur la paroi des artères).
– Effet sur les poumons : bronchodilatation et augmentation de la fréquence respiratoire. Sous l’effet du stress, on se met à respirer plus vite et de façon plus ample, on sent que le cœur s’emballe.
– Autres effets moins perceptibles :
– Sur le foie et principalement sur des cellules qui stockent le glucose (ressource énergétique). Le glucose est stocké sous forme de glycogène dans les cellules hépatiques. La présence d’adrénaline vient stimuler ces cellules et cela induit une libération de glucose : on découpe le glycogène (grosse molécule d’accumulation du glucose) grâce à la glycogénolyse. Par cette réaction, on obtient plus de glucose circulant dans le sang et donc une augmentation de la glycémie.
– Il y a une augmentation des réactions métaboliques, plus précisément du catabolisme (dégradation de substrats disponibles et stockés dans l’organisme). Par cette dégradation, il y a libération d’énergie nécessaire pour un travail moléculaire et cellulaire dans l’organisme. Celui-ci sera donc accru en situation de stress.
– Tout cela met à disposition aux muscles un certain nombre de métabolites qui seront utilisés pour produire leur énergie et se contracter. Certains muscles sont particulièrement sollicités au moment du stress. En effet, on peut éventuellement se déplacer pour fuir, on peut avoir la chair de poule (contraction des muscles horripilateurs qui permettent aux poils de se redresser) et peut permettre à l’œil de se dilater (midriase) à la vue d’une stimulation dangereuse et stressante.
– Il y a une modification de la circulation sanguine. Il y a moins de sang envoyé vers le système digestif et plus de sang envoyé vers les muscles (dont on pourrait avoir besoin).
– Effet sur le cerveau : elle stimule la vigilance et l’attention suite à une prise de conscience du stimulus dangereux.
Ces réactions à l’adrénaline sont très rapides mais aussi peu durables dans le temps.
II. Les effets du corstisol
Le cortisol agit dans un second temps. C’est une hormone stéroïde. Le cortisol est produit par les corticosurrénales stimulées par l’ACTH produite par l’hypophyse (elle-même stimulée par la CRH produite par l’hypothalamus). Le cortisol a, lui aussi, un certain nombre d’actions dans l’organisme :
– Plus forte cortisolémie : cette cortisolémie a une action activatrice sur le catabolisme (sur la dégradation des réserves lipidiques ou protéiques). Les lipides et protides stockés dans l’organisme sont dégradés en plus petites molécules glucidiques utilisables plus facilement par nos cellules.
– Inhibitions sur le corps comme l’inhibition de la douleur mais surtout une inhibition du système immunitaire. Celui-ci est freiné par le cortisol et en particulier le système inflammatoire. Il génère des rougeurs, des douleurs, de la chaleur associée à la fièvre, dans le cas d’une inflammation. Cela peut poser problème puisque le système immunitaire aide à maintenir l’intégrité de l’organisme.
– Rétrocontrôle (ou feed-back ou rétroaction) sur le système limbique : action d’une cellule ou molécule envers le système qui a permis de la produire. Dans le cas du cortisol, il s’agit d’un rétrocontrôle négatif sur l’hypothalamus et l’hypophyse. Une activation de la production de cortisol inhibe la production de CRH et d’ACTH. Cela induit une régulation du système par lui-même grâce au rétrocontrôle négatif des corticosurrénales sur le complexe hypothalamo-hypophysaire. Ce rétrocontrôle est bénéfique pour l’organisme car il permet un retour à une cortisolémie basse et donc un retour à une situation d’équilibre du corps. Ce rétrocontrôle fonctionne moins bien chez des personnes atteintes d’un stress chronique.
III. Bilan
Il y a production de deux hormones avec des délais différents : l’adrénaline puis le cortisol. Ces hormones ont une palette d’actions sur l’ensemble des organes et cellules de notre organisme. Cela permet à l’organisme de s’adapter à court et à long termes pour gérer une situation de stress et de pouvoir revenir à une situation d’homéostasie. La collaboration de l’ensemble de ces structures est appelée, par certains chercheurs, la neurosymphonie du stress. C’est une organisation complexe mais une collaboration ordonnée dans l’espace et le temps, qui permet à l’organisme de faire face à cette situation de stress. L’organisme est donc capable de résilience qui est la capacité du corps à revenir à une situation d’équilibre par un traitement des problèmes.