Les expressions de la sensibilité aux XVIIIe et XIXe siècles
La sensibilité est valorisée depuis le XVIIIe siècle.
Rousseau, Julie ou La Nouvelle Héloïse
Au XVIIIe siècle, Rousseau a un fort impact dans la valorisation de la sensibilité, avec ce roman épistolaire (par lettres) mettant en avant une intrigue amoureuse entre Julie et Saint-Preux. Dans les lettres, on a accès à leur intimité et à leur sensibilité. La lettre est l’endroit où l’on se livre le plus, c’est le registre de la confidence, de la confiance et de la vie privée. Les lettres du roman portent sur l’expression et la noblesse des sentiments. Les deux personnages sont préoccupés par leur amour, avec un lexique particulier. On n’est plus comme à l’époque des précieuses au XVIIe siècle où les femmes étaient seulement préoccupées par la question de l’amour exprimé de façon subtile, maintenant l’homme est lui aussi engagé dans cette sensibilité amoureuse. Les personnages vont révéler au mari de Julie qu’ils échangent des lettres et qu’ils ont une amitié un peu ambiguë. Rousseau est un précurseur du romantisme.
Goethe, Les Souffrances de Jeune Werther
Goethe est un auteur allemand romantique, son roman épistolaire exprime un primat de la sensibilité. Tout comme dans Julie ou La Nouvelle Héloïse, on a le même primat des sentiments. Le personnage éponyme va se suicider par amour. Il y aura une vague de suicides après la parution de ce roman. Dans ce roman, on valorise la sensibilité au point de penser qu’elle peut conduire toute la vie. Dans le sillage de Rousseau, c’est la mise en avant de l’expression romantique de la sensibilité.
Kant, Observations sur le sentiment du beau et du sublime
On repense la notion de sensibilité. Pour lui, le sublime est ce qui touche par l’idée d’illimité. Autrement dit, le beau est ce qui nous plaît et le sublime est ce qui nous dépasse. L’effet qui nous dépasse touche notre sensibilité, c’est un effet très particulier qui est le dépassement, qui nous plaît différemment. Le beau touche aussi la sensibilité : c’est ce qui plaît à tout le monde. C’est une esthétique, une harmonie, un ordre rassurant et non une sensation d’illimité.
Schopenauer, Le monde comme volonté et représentation
Dans ce texte du XIXe siècle, le monde est commandé par la sensibilité car elle est liée au désir, à la volonté. Pour Schopenauer, le monde est mis en action par le désir et la volonté. Hegel disait que rien n’est fait au monde sans passion, c’est semblable chez Schopenauer avec le désir de vie, de survie et de volonté, tous liés à la sensibilité : être sensible au monde et vouloir le transformer. Pour Schopenauer, le monde n’existe que comme représentation, en dehors de l’image. C’est une ancienne idée, déjà présente chez Kant. C’est notre sensibilité qui est la plus importante dans notre rapport au monde.