Les expressions de la sensibilité au XXe siècle
On a valorisé la sensibilité au XVIIIe siècle avec Kant comme étant la perception du monde comme la seule chose à laquelle on a accès. Au XXe siècle, on trouve des répercussions philosophiques et artistiques des pratiques et des définitions de l’expression de la sensibilité.
Husserl, L’idée de la phénoménologie
C’est une science philosophique qui développe la théorie selon laquelle ce qui est, et ce à quoi on a accès est ce qu’on perçoit. C’est l’étude des phénomènes, des perceptions qu’on a du monde, sans essayer de savoir si cela correspond à la réalité. La seule chose qui existe serait donc ce qu’on perçoit du monde. On ne peut pas sortir de nous-même pour voir le monde. Cette théorie remontait déjà à l’époque de Kant qui définissait ce qui est par le terme de noumène. Phénomène et noumène s’opposent donc comme ce qu’on perçoit et ce qui est.
Proust, À la recherche du temps perdu
Roman paru en 7 tomes. Le narrateur s’appelle Marcel. C’est un roman où le narrateur reconstruit son passé, le temps écoulé, en restituant ses sensations sensibles. Le monde a fait impression sur lui à travers les émotions et les impressions. C’est une autre manière de raconter une histoire, on ne décrit plus les choses mais on restitue les impressions et sensations laissées des années après. C’est comme cela qu’il va arriver au vrai sens des événements dans sa vie et savoir ce qu’il a vraiment vécu au moment où il le vivait. Les sensations intérieures et la sensibilité sont les seules choses qu’on connaît. Telle est la démarche de Proust.
Bachelard, Psychanalyse du feu
Il est philosophe, écrivain, scientifique. Il évoque les différentes symboliques du feu dans l’art. Il analyse les symboles utilisés par des artistes (par exemple, Empédocle, philosophie de la science en Grèce antique et Novalis, romantisme allemand). Qu’est-ce que veut dire le feu pour ces auteurs, artistes, et en quoi leurs perceptions, leurs sensibilités font d’un même objet des choses très différentes ? C’est une mise en avant de la sensibilité : sentir et réfléchir autrement. À partir d’un même objet, on trouve différentes perceptions.
Kandinsky, Du Spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier
C’est un peintre, inventeur de l’abstraction. Il explique sa démarche dans ce texte : l’art n’est plus ce qui est beau (l’harmonie) mais l’art, au contraire, doit provoquer quelque chose dans l’âme, doit faire une impression forte. Il va lui-même transcrire ses impressions sur les toiles, non pas à travers des images qui représentent la réalité, mais par l’abstraction, en associant des sensations et des formes. Telle forme ou telle couleur est associée à telle sensation, telle émotion.
Au XXe siècle, il y a une obsession pour la sensibilité, qui est subjective, propre à chacun, plutôt que de rechercher le consensus. On réfléchit ensuite à comment on la comprend et on la communique.