L'expression de la condition
L’expression de la condition est un des éléments de la langue française qui occasionne le plus de fautes à l’oral et à l’écrit, raison pour laquelle on rappelle ici ce que sont la condition et l’hypothèse, comment on les exprime et comment conjuguer les verbes à la tournure conditionnelle ou hypothétique.
L’hypothèse ou la condition (ce sont souvent des synonymes mais avec une petite différence) s’exprime avec des mots de nature et fonction différentes.
I. Nature
Proposition subordonnée, groupe prépositionnel. Les mots qu’on utilise pour développer une préposition subordonnée ne sont pas les mêmes que pour un groupe prépositionnel, il y a différentes classes grammaticales.
II. Fonction
La fonction est toujours la même : complément circonstanciel de condition.
Pour construire les propositions subordonnées on utilise des conjonctions de subordination : « selon que, à moins que, pourvu que, si ». Elles permettent de construire de phrases qui expriment une condition ou une hypothèse.
Exemple : « Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir », c’est un extrait d’une des Fables de La Fontaine qui exprime une condition, celle de la richesse d’une personne, et il montre quel est le lien entre cette condition et la manière dont les personnes sont traitées par la justice.
On a le même type de phrase avec « à moins que » : on exprime quelque chose, une vérité générale, et puis on nuance en mettant une condition qui annule la règle, par exemple « je vais toujours au marché le samedi à moins que j’aie quelque chose de mieux à faire ». Avec « pourvu que », c’est le même type de construction.
Les groupes prépositionnels sont introduits par une préposition et pour exprimer la condition on utilise les prépositions « en cas de, avec, sans ». Ces termes expriment une condition ou une hypothèse, par exemple « sans toi je n’irai nulle part ». Condition : l’absence de quelqu’un entraîne un fait qui est celui de n’aller nulle part. Pour « avec toi j’irai n’importe où », c’est le même principe.
III. Conjugaison dans les phrases avec des hypothèses
Si + présent de l’indicatif, futur de l’indicatif
Si une phrase commence par « si » et qu’il y a le présent de l’indicatif dans la partie de la phrase où il y a le « si », on est obligé de mettre le futur de l’indicatif après, même si souvent on entend un présent de l’indicatif. Par exemple, « si j’apprends où va ton ami demain, je te le dirai ». On peut aussi entendre « si j’apprends où va ton ami demain, je te le dis », mais la règle normale est le futur de l’indicatif. Dans ce cas, on est dans la réalité, on a une condition et une conséquence réelles.
Si + imparfait de l’indicatif, présent du conditionnel
On peut aussi envisager des conditions qui ne sont peut-être pas réalisées ou qui ne l’ont jamais été. On construit donc une phrase avec « si » + l’imparfait de l’indicatif : « si j’allais demain au marché, j’achèterais des tomates ». « Achèterais » avec un « s » à la fin car c’est le présent du conditionnel. Cette condition d’aller au marché n’est pas encore remplie ni réalisée, on ne sait pas ce qui va en être : il y a du suspense.
Si + plus-que-parfait de l’indicatif, passé du conditionnel
La dernière manière de construire ces phrases est « si » + le plus-que-parfait de l’indicatif, qui est un verbe conjugué avec un auxiliaire à l’imparfait de l’indicatif. Par exemple « si j’avais été au marché hier, j’aurais acheté des tomates ». Le conditionnel passé, dans la deuxième partie de la phrase, est formé par l’auxiliaire au conditionnel présent + un participe passé. Dans ce cas, on parle d’une condition qui n’a pas été remplie et on en tire des conséquences pour la suite des évènements.
Souvent, on dit « si tu allais au marché demain, tu prendras de tomates », donc on utilise le futur à la place du présent du conditionnel. Il faut faire attention à ces règles pour montrer qu’on maîtrise la langue et l’expression de la condition.