« L’homme est un roseau pensant », Pascal
Dans ce cours du chapitre sur les citations philosophiques, on se concentre sur une citation très connue de Blaise Pascal qui affirme que l’homme est un roseau pensant. On évoque sa vision de la pensée et le caractère misérable de l’homme que révèle sa citation.
« L’homme n’est qu’un roseau pensant », Pascal : ce que tu vas réviser
- Explication de la citation « L’homme n’est qu’un roseau pensant »
- La pensée selon Pascal
- Le caractère misérable de l’homme
I. Explications de la citation « L’homme n’est qu’un roseau pensant »
Pourquoi l’homme est comparé à un roseau pensant ?
La citation complète est « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant ». C’est une citation de Blaise Pascal, philosophe du XVIIe siècle. À travers cette citation, il cherche à caractériser la condition humaine.
Pour caractériser cette condition humaine, il mobilise deux attributs qui semblent à première vue s’opposer. Il y a d’abord l’idée d’une certaine faiblesse, qui caractériserait l’homme : c’est l’image du roseau. À cette faiblesse, Pascal associe une certaine grandeur : ce à quoi semble renvoyer le thème de la pensée.
Pour comprendre comment peuvent coexister au sein d’un même individu ces deux attributs qui s’opposent, une grandeur et une faiblesse, on peut commencer par expliquer ce que signifie le fait que l’homme soit un être pensant et puis essayer de comprendre en quoi cela fait sa grandeur.
II. La pensée selon Pascal
Qu’est-ce-que la pensée pour Pascal ? Au XVIIe siècle, on pourrait penser que cette pensée qui caractérise l’homme désigne d’abord la capacité qu’a ce dernier à produire des sciences et des techniques, à être capable de se rendre « maître et possesseur de la nature » comme le dit Descartes quelques années après. On est alors au début de la révolution scientifique. On aurait là une lecture humaniste de la citation de Pascal. L’homme serait grand par la pensée, et la pensée signifierait la raison.
En réalité, ce n’est pas exactement le sens de la citation de Pascal. Quand ce dernier caractérise l’homme par la pensée, il ne veut pas caractériser l’homme par sa raison, mais bien plutôt par sa conscience. Ainsi, si l’homme est grand, c’est en ceci qu’il est un être conscient. Et il a conscience de quelque chose dont n’ont pas conscience les autres êtres : c’est la conscience de son caractère misérable. En d’autres termes, l’homme est grand car il a conscience de sa faiblesse selon Pascal, puisqu’il sait qu’il meurt.
III. Le caractère misérable de l’homme
Pour comprendre ceci, expliquons ce qu’est le caractère misérable de l’homme : pourquoi l’homme est-il misérable ?
Il y a trois raisons à cela :
– Il est d’abord misérable car il est petit. Petit dans le temps, il a une durée de vie limitée et petit dans l’espace puisqu’il n’occupe qu’un point limité dans l’espace.
– Il est misérable aussi parce qu’il est faible. L’homme est sujet à la maladie, mais aussi sujet aux passions : il est donc faible de corps et d’esprit.
– Enfin, et c’est peut-être le plus important, l’homme est méchant. Pascal est janséniste, et pour les jansénistes, l’homme est mauvais depuis le Péché originel. Il ne peut être sauvé que par la grâce de Dieu. Ce qui caractérise donc la condition humaine, c’est une certaine finitude. La finitude est ce qui pourrait résumer la misérabilité de l’homme.
Mais si l’homme est petit, faible et méchant, sa grandeur ne peut résider que dans ceci qu’il en a conscience. La grandeur de l’homme est donc tout-à-fait paradoxale : l’homme est grand car il se sait petit. L’homme serait encore plus noble en ceci qu’il est le seul à se savoir misérable.
Un arbre, dit Pascal, ne se sait pas misérable : l’homme lui le sait. On peut faire ici un parallèle avec la sagesse socratique. Socrate est le plus sage des hommes précisément parce qu’il est le seul à savoir qu’il ne sait pas. C’est une sagesse paradoxale qui repose sur l’ignorance comme ici la grandeur de l’homme repose sur sa faiblesse.
« Travaillons donc à bien penser » dit Pascal, c’est-à-dire à prendre conscience de cette condition et à ne pas nous en divertir constamment et nous en détourner, comme le font la plupart des hommes à travers le désir dont le but est moins l’objet du désir que de ne pas penser à cette condition.
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