L’inquiétude d’A. de Tocqueville : de la démocratie à la tyrannie ?
L’inquiétude d’A. de Tocqueville : de la démocratie à la tyrannie
Alexis de Tocqueville est un aristocrate qui a connu les dérives et les errements de la Révolution française et notamment de la période de la Terreur. De ce fait, il s’intéresse à la démocratie et aux risques qu’elle comporte. Il se rend aux États-Unis pour étudier le régime démocratique américain dans le but d’en voir les forces et les faiblesses et de réfléchir à la manière dont on peut en tirer le meilleur profit. Pour Alexis de Tocqueville, l’avènement de la démocratie est un fait inéluctable. Cette démocratie porte en elle l’égalité des conditions. Il faut savoir comment utiliser ce régime pour rendre le peuple heureux.
I. L’homme d’un livre majeur : De la démocratie en Amérique (1835-1840)
Quel est l’objet de De la démocratie en Amérique ?
Cette réflexion est incluse dans l’œuvre majeure d’Alexis de Tocqueville De la démocratie en Amérique publié en deux tomes en 1835 puis 1840. Il faut se resituer dans le contexte à l’époque où Alexis de Tocqueville est parti aux États-Unis. Il s’agit d’un juriste, il est accompagné d’un de ses amis et collègues Gustave de Beaumont pour étudier le système pénitentiaire américain. Il en revient avec une étude beaucoup plus large du système politique et juridique américain dont il fait une sorte de modèle pour la France. Il étudie, ainsi, les tensions existantes dans un régime démocratique entre le principe d’égalité et de liberté.
En France comme aux États-Unis, l’ouvrage a un succès retentissant. Il est salué par la critique et il est de même prolongé dans un deuxième ouvrage resté inachevé L’Ancien régime et la Révolution. Celui-ci vaut à l’auteur un grand prestige. C’est ainsi qu’Alexis de Tocqueville entre à l’Académie des sciences morales et politiques en 1838 puis à seulement 36 ans en 1841 à l’Académie française.
II. La démocratie et ses risques
Quel est le propos d’Alexis de Tocqueville ?
Quel est le propos d’Alexis de Tocqueville ? Il ne s’agit pas de condamner la démocratie ou d’écrire une défense de la démocratie. Il s’agit de faire une étude dépassionnée et rigoureuse de la démocratie. À ceux qui pourfendent ce régime politique, il répond que c’est un régime impossible à associer à la tyrannie des masses, à l’anarchie et au désordre. Pour ceux qui ont une vision idyllique, Alexis de Tocqueville répond qu’il existe en démocratie un certain nombre de dangers et de risques qu’il faut connaître et contrecarrer. Il s’agit du cœur de la thèse d’Alexis de Tocqueville. Il souhaite montrer que les hommes ont une passion pour l’égalité qui peut prendre le pas sur la liberté. Afin de défendre cette égalité des conditions qui va croissante en effaçant les différences de conditions entre aristocrates, bourgeois et peuple, les hommes sont prêts à accepter une restriction de leurs libertés et à remettre en cause un certain nombre de celles-ci aux assemblées. Ils appellent ainsi cela la tyrannie des assemblées, la tyrannie de la majorité sur les minorités. Il s’agit du risque principal qui existe en démocratie selon Alexis de Tocqueville.
III. Le modèle américain
Il entreprend d’étudier le régime américain pour construire un modèle à suivre afin de préserver les libertés par rapport à l’égalité. Afin d’éviter la tyrannie des masses, Alexis de Tocqueville prend pour exemple les États-Unis. Le principe est de s’appuyer sur les États-Unis pour la défense des libertés permettant d’équilibrer le principe d’égalité et de s’approcher de la démocratie la plus parfaite possible.
Quelles sont ces libertés qu’Alexis de Tocqueville souhaite appliquer en France dans l’objectif de les consolider ?
– Tout d’abord, il s’agit de la décentralisation. Dans le cadre d’un État fédéral aux États-Unis, les citoyens sont habitués à jouir de liberté locale. Ils ont l’expérience de la liberté par rapport à l’égalité.
– Cela se traduit en second plan par la vigueur des associations locales : les communautés. Dans le cadre de celles-ci, les citoyens exercent leur pouvoir.
– Le troisième principe de liberté correspond à la liberté de la presse. À l’époque, selon Alexis de Tocqueville, c’est un moyen efficace pour le peuple d’exprimer sa volonté et de contrôler les pouvoirs. Le terme de quatrième pouvoir sera utilisé par la suite pour caractériser la presse aux côtés des pouvoirs exécutif législatif et judiciaire.
– Enfin, la liberté de croyance constitue le quatrième principe à défendre aux États-Unis. La religion dans un système démocratique, selon Alexis de Tocqueville, est là pour moraliser la vie politique et les rapports sociaux.
La liberté religieuse vient s’associer à la liberté de la presse ainsi qu’aux libertés locales pour créer une sorte de démocratie idéale vers laquelle tendre.
Finalement, l’inquiétude d’Alexis de Tocqueville ne porte pas sur la démocratie car c’est un fait inéluctable. En revanche, il craint le glissement de la démocratie vers la tyrannie. Dans la mesure où les hommes risquent d’aliéner la liberté au principe d’égalité croissant dans les sociétés démocratiques. Il ne faut pas perdre de vue la liberté au profit du principe d’égalité des conditions.