L’utilisation du paysage et de ses risques : l’eau dans le bassin parisien
L'utilisation du paysage et de ses risques : l'eau dans le bassin parisien
Dans le XIIIe arrondissement de Paris, dans le quartier de la Butte aux Cailles, se trouve une fontaine, nommée la fontaine Verlaine, qui a la particularité d’avoir une eau qui ne vient pas du réseau d’eau de la ville de Paris. En effet, un trou a été creusé à 600 mètres de profondeur et l’eau est ensuite remontée seule jusqu’à la surface. On y a ensuite ajouté de la robinetterie et des vannes pour pouvoir contrôler l’utilisation de cette eau qui vient tout droit des profondeurs du sol. Cependant, il ne faut pas imaginer que Paris est posé sur un grand lac souterrain : elle est bien évidemment construite sur des roches.
I. Les nappes phréatiques
Le bassin parisien est constitué de roches calcaires. Parmi les roches calcaires, on compte la craie par exemple qui, déterrée, peut être utilisée pour écrire sur un tableau. Les roches calcaires présentes dans le sous-sol du bassin parisien s’étendent quasiment du centre de la France jusqu’au bord de la Manche : en effet, les falaises d’Étretat (photo) ne sont que des empilements de roches calcaires déposées, couches après couches, les unes sur les autres.
Cette roche calcaire qui paraît être très cohésive, très compacte, est en réalité percée de plein de petits trous microscopiques, appelés pores, dans lesquels l’eau peut circuler. Ces roches dites perméables, poreuses, peuvent accepter l’eau et la stocker, et constituer ainsi une nappe phréatique.
Sous la ville de Paris se trouvent différentes couches de roches posées les unes sur les autres, avec chacune différentes propriétés. Le forage de la fontaine Verlaine va s’ouvrir à 600 mètres de profondeur dans un mélange de craie, de sable et d’eau, et la pression née de l’entassement des 600 mètres de roches au-dessus de la nappe phréatique va chasser l’eau qui va remonter jusqu’à la surface. Cette couche de roches perméables prises entre deux couches d’argile imperméables est la nappe phréatique de la ville de Paris.
L’eau provenant des précipitations ou du ruissellement des fleuves et des rivières va pouvoir pénétrer dans le sol à l’endroit où les roches poreuses affleurent en surface. Mais, elle ne peut pas traverser toutes les roches : l’argile, par exemple, a la propriété d’être imperméable, donc de ne pas laisser passer l’eau une fois qu’elle en est gorgée.
Ces roches imperméables qui entourent les roches calcaires vont créer une sorte de cuvette où l’eau va véritablement pouvoir s’écouler et ne pourra donc pas continuer à s’écouler au travers d’autres roches calcaires se trouvant plus bas. La pression dans cette cuvette était telle que l’eau pouvait, à l’origine, remonter naturellement. Aujourd’hui, à cause de la forte utilisation de l’eau de cette nappe phréatique par la ville de Paris, la pression a baissé et l’eau doit être remontée mécaniquement à la surface, mais ce n’était pas le cas lors de l’installation de cette fontaine.
II. Risques de crues
La ville de Paris ne manque donc pas d’eau grâce à sa nappe phréatique. Cependant, la ville ne va pas uniquement utiliser l’eau des nappes phréatiques, mais aussi celles de la Seine et de la Marne. Ces eaux, une fois traitées, se retrouveront dans les robinets des habitations. Cependant, si les nappes phréatiques venaient à être trop remplies, cela pourrait avoir de lourdes conséquences.
En 1910, une crue énorme a eu lieu : l’eau de la Seine a débordé et des quartiers entiers avaient les pieds dans l’eau. Aujourd’hui, la ville a réalisé des aménagements pour éviter les crues semblables :
– Le 1er aménagement a été de creuser le lit de la Seine. En creusant plus profondément, le volume d’eau, le débit, peut alors être plus important : en cas de fortes pluies, par exemple, plus d’eau peut s’écouler et l’on évite ainsi les débordements.
– Le 2e aménagement a été de construire des digues. On a endigué la Seine et la Marne, remontant le niveau des berges, augmentant ainsi le niveau que l’eau doit franchir pour inonder les alentours.
– Dernier aménagement, en amont de la ville de Paris, des bassins de rétention ont été installés : des bassins artificiels sont creusés et lorsque l’eau de la Seine commence à monter, cette eau est pompée et stockée dans ces bassins. À l’inverse, lorsque l’eau de la Seine redescend, l’eau contenue dans ces bassins artificiels sera libérée.
Ces dispositifs ne sont malheureusement pas suffisants pour pallier aux risques d’inondation. En effet, la ville de Paris a connu une urbanisation très importante et les infrastructures ont recouvert de plus en plus d’espaces, et parfois les habitations ont même pris le pas sur des anciens terrains marécageux. En rajoutant du béton et de l’asphalte et des habitations sur des sols qui pouvaient auparavant absorber l’eau, on a augmenté le ruissellement et donc la capacité à inonder. Ainsi, certaines villes présentes dans ces zones risquent un jour de se trouver, quasiment ou en totalité, inondées. C’est le cas de Choisy-le-Roi ou d’Alfortville qui sont bâties sur des anciens terrains marécageux.
Vient aussi le problème des transports souterrains : certes les transports souterrains pourraient être arrêtés pendant l’inondation, mais celle-ci endommagerait durablement ces structures, et il faudrait de longs et coûteux travaux avant que les usagers puissent à nouveau les utiliser. À cela s’ajoutent toutes les infrastructures et usines qui seraient arrêtées pendant l’inondation, ce qui limiterait, voire bloquerait, les transports des marchandises et des usagers, et qui poserait donc des problèmes d’approvisionnement en eau potable et en électricité.
Conclusion
L’avantage du bassin parisien et de la ville de Paris est de pouvoir avoir une nappe phréatique, soit une quantité d’eau pérenne contenue en des roches poreuses et perméables, mais la difficulté réside à équilibrer la balance entre le développement urbain et l’aménagement du territoire, en permettant à la ville future de satisfaire ses besoins en eau.