Défaillances du marché
Il existe des imperfections sur le marché : absence d’atomicité et d’homogénéité, absence de libre entrée et libre sortie. Les marchés sont aussi imparfaits car ils sont défaillants.
I. Asymétrie d’information
Une des défaillances de l’information est l’asymétrie d’information. L’asymétrie d’information est une situation dans laquelle tous les agents économiques ne disposent pas de la même information. Cela a des conséquences sur les prix et sur les comportements. Il y a deux exemples de conséquences d’asymétrie d’information.
A. La sélection adverse
Le premier est le processus de sélection adverse. Il existe un processus de sélection adverse quand l’acheteur a moins d’informations que le vendeur sur la qualité du produit vendu. Ainsi, il prend le prix comme garant de la qualité des produits. L’exemple que l’on prend traditionnellement est celui du marché des voitures d’occasions. Une voiture d’occasion est par principe peu chère, puisque déjà utilisée, mais si une voiture est trop peu chère, l’acheteur va soupçonner un problème ou une arnaque. Le vendeur est donc obligé de fixer un prix plus élevé que ce que vaut réellement sa voiture pour pouvoir susciter la confiance et la vendre.
C’est ce qu’on appelle la sélection adverse : l’agent peut se retirer du marché par manque de confiance, et il faut donc fixer un prix plus élevé pour le rassurer.
B. L’aléa moral
Une autre situation d’asymétrie d’information est l’aléa moral. Dans ce cas, le vendeur a moins d’informations que l’acheteur sur le comportement de l’acheteur après signature du contrat.
L’exemple que l’on prend le plus souvent est celui des assurances. Une compagnie d’assurance n’a aucune information sur votre comportement quand vous aurez signé le contrat d’assurance et donc il n’y a aucune information sur votre prudence au volant. Elle fixe donc des conditions importantes et des prix plus élevés, voire elle peut sélectionner les acheteurs.
II. Allocation non optimale des ressources
En réalité, le marché ne permet pas l’allocation optimale des ressources.
A. Les biens publics
D’une part, le marché laissé à son libre court avec les conditions de la concurrence pure et parfaite ne permet pas de produire les biens publics, car ils sont non-rivaux (on peut consommer ce même bien à plusieurs en même temps) et non-exclusifs (on ne peut pas empêcher quelqu’un de jouir de ce bien même s’il ne le paie pas).
On parle de comportement du passager clandestin. Dans le cas d’un bien public, il n’y a aucune raison que j’accepte de payer pour un bien dont je sais qu’il sera produit de toute façon. Il n’y a donc pas de marché, puisqu’aucune entreprise n’accepterait de produire un bien pour lequel elle ne serait pas rémunérée. Dans ces cas-là, c’est l’État qui doit intervenir pour produire ces biens financés par l’impôt, comme l’éclairage public, les infrastructures routières, etc.
B. Les externalités
Dernière situation très importante d’allocation non optimale des ressources est le problème des externalités. Une externalité est une situation dans laquelle un agent économique, lors de son activité de production, produit des effets externes influençant le bien-être d’agents extérieurs sans qu’il y ait contrepartie monétaire.
Ces externalités peuvent être positives. Par exemple, la recherche fondamentale a des fortes externalités positives car elle a des impacts sur toute la société.
Ces externalités peuvent être négatives avec des impacts néfastes sur le reste de la société comme la pollution.
En l’absence de régulation par l’État, il se peut que la production soit inférieure à ce qu’elle devrait être. C’est le cas de la recherche : s’il n’y a pas d’incitations à la recherche, comme les rendements et les gains sont insuffisants, il y a peu de recherche. L’État doit donc intervenir pour soutenir la recherche. Et dans le cas de la pollution, l’État doit internaliser les coûts des externalités selon le principe du pollueur-payeur.
Conclusion
Dans tous les cas, les conditions de la concurrence pure et parfaite n’existent pas. Les imperfections et les défaillances du marché incitent à l’intervention de l’État pour réguler, encadrer, voire pour produire certains biens et services.
Comment comprendre l'intervention de l'État dans l'économie ?
La question de l’intervention de l’État dans l’économie fait débat entre différents courants de pensée politique et économique. Tout le monde s’accorde pour reconnaître à l’État la prise en charge des fonctions régaliennes : police, justice et armée. De fait, l’État doit poser un cadre institutionnel car le marché ne peut pas fonctionner sans un cadre institutionnel, notamment des droits de propriétés qui garantissent un minimum de sécurité aux entrepreneurs, notamment à ceux qui innovent.
En dehors de cela, le marché laissé à la seule initiative des agents économiques connaît un certain nombre de défaillances comme les externalités, les inégalités, la concurrence imparfaite, etc., qui rendent nécessaire l’intervention de l’État dans l’économie. Ainsi, quelques soient les courants et les débats politiques, les économistes s’accordent tous pour reconnaître à l’État trois grandes fonctions.
I. La fonction de stabilisation
La première fonction est la fonction de stabilisation. L’État lutte contre les cycles économiques. La vie économique n’est pas un long fleuve tranquille. L’économie connaît des cycles, des périodes de croissance forte et de récession, de dépression puis de reprise, etc.
L’État, par ses interventions économiques, peut essayer de lisser ces cycles en menant des politiques contracycliques. Cela signifie, notamment en période de récession, que l’État essaie d’amortir les chocs que connaît l’économie. La fonction de stabilisation est la fonction la plus contestée puisque certains pensent que l’État est inefficace dans cette fonction.
II. La fonction d’allocation
La deuxième fonction de l’État est la fonction d’allocation des ressources. L’État lutte contre les défaillances du marché.
Par exemple, lutter contre les externalités, c’est-à-dire les conséquences positives ou négatives de la production ou de la consommation d’un individu sur un ou plusieurs autres agents économiques sans que cela donne lieu à une contrepartie ou un contrat.
L’État lutte contre ces externalités en les internalisant : si ce sont des externalités négatives, on fait payer ceux qui les produisent comme dans le cas de la pollution, si ce sont des externalités positives, on rémunère ceux qui les produisent pour qu’ils en produisent davantage. L’État peut aussi intervenir pour réguler les imperfections de la concurrence. En tout cas, l’État intervient pour allouer les ressources d’une manière optimale.
Une autre manière de le faire revient à produire des biens publics puisque les biens publics ont la double caractéristique d’être non-exclusifs et non-rivaux, c’est-à-dire qu’on ne peut pas empêcher quelqu’un qui ne payerait pas d’en profiter (non-exclusivité) et que le fait qu’une personne l’utilise n’empêche pas tous les autres de l’utiliser (non-rivalité). C’est le cas par exemple de la lumière d’un phare, de la signalisation routière ou encore de l’éclairage public. Ils ne sont pas produits par le marché simplement parce qu’il y a des comportements de passager clandestin. Il faut donc que l’État les produise, sans quoi aucune entreprise privée ne le ferait. Par la fonction d’allocation des ressources, l’État s’assure que toutes les richesses soient correctement produites et allouées.
III. La fonction de redistribution
La troisième fonction est la fonction de redistribution afin d’assurer la justice sociale. Certains pensent que le marché est le plus efficace pour produire de façon optimale, la quantité maximale, pour assurer finalement le plus gros « gâteau » mais rien n’assure que ce gâteau soit équitablement partagé. Le rôle de l’État est donc de partager équitablement les quantités produites : c’est la fonction de redistribution par laquelle l’État prélève à ceux qui ont un peu plus pour redonner à ceux qui ont moins afin d’assurer un minimum de justice sociale.
Cela peut se faire deux manières : soit en versant directement sous forme monétaire des prestations sociales à ceux qui en ont besoin, soit en garantissant des services publics pour que tous aient un accès égal à des services fondamentaux comme l’école et la santé.
L'importance des incitations pour remédier aux défaillances de marché
La production entraîne des externalités. Les externalités sont les conséquences positives ou négatives de l’activité d’un agent économique sur un ou plusieurs autres agents sans contreparties monétaires.
I. Conséquences des extérnalités négatives
Ces externalités ont ainsi des conséquences sur la collectivité, et les agents qui les génèrent ne sont ni récompensés ni pénalisés. On dit ainsi que les externalités sont des défaillances de marché. Si on laisse le marché fonctionner librement, il y a ainsi des effets externes non prévus et non pris en compte.
Par exemple, les externalités négatives entrainent des coûts sociaux qui doivent être pris en charge par la collectivité. La pollution notamment : une entreprise pollue en émettant des gaz à effet de serre, ou en rejetant des produits toxiques dans une rivière. Cette pollution impacte la collectivité avec le réchauffement climatique, ou la dégradation de l’écosystème des environs, des restrictions pour la baignade en rivière, etc. Cela a un impact négatif sur le bien-être collectif, sans que toutefois l’entreprise n’ait à le prendre en compte dans le calcul de ses coûts de production. C’est la collectivité qui doit prendre en charge la dépollution de la rivière ou les dégâts commis par le réchauffement climatique.
Ainsi, pour inciter les agents économiques à modifier leur comportement et à prendre en compte les externalités, il faut supprimer ou internaliser celles-ci.
II. Internaliser une externalité
Internaliser une externalité : faire prendre en charge le coût social d’une externalité à un agent dans le cas d’une externalité négative, ou le rétribuer dans le cas d’une externalité positive.
Il existe deux moyens pour permettre l’internalisation ou la suppression d’une externalité par un agent :
– Contraindre : on met une règle pour limiter ou empêcher un comportement. Cela est radical, mais économiquement, cela n’incite pas les acteurs à faire mieux, à innover pour changer leur comportement.
– Inciter : grâce à une contrepartie monétaire.
Taxer les émissions polluantes par exemple ou rétribuer un comportement vertueux.
Le système de bonus-malus, on a un bonus si on s’équipe de matériel plus vertueux, et un malus si on émet des polluants.
L’instauration d’un marché de droits d’émissions de polluants, comme le marché européen des droits à polluer. On donne aux agents économiques le droit de polluer jusqu’à une certaine mesure, s’ils polluent plus ils payent, s’ils polluent moins, ils peuvent revendre aux autres leur droit à polluer. On est ainsi incité à polluer moins, pour ne pas payer un surcoût et pour revendre aux autres son droit à polluer.