Le dilemme

Qu’est-ce qu’un dilemme ?

Les dilemmes sont des choix difficiles : on a du mal à choisir entre deux possibilités. Quand on utilise le terme de dilemme au quotidien, on le fait dans un sens un peu plus faible que celui qu’il a en littérature.

I. Les caractéristiques du dilemme

Quelles sont les caractéristiques du dilemme en littérature ?

Le dilemme en littérature est un type de situation théâtrale, qu’on trouve dans le genre littéraire théâtral le plus souvent. C’est une situation où un personnage doit faire face à un choix entre deux possibilités qui ont une égale valeur pour lui. La valeur peut être positive ou négative : il arrive que le choix soit entre deux choses horribles ou à l’opposé, entre deux choses auxquelles le personnage tient, par exemple, des personnes auxquelles il tient et il doit sacrifier l’une ou l’autre. On effectue donc un choix très difficile et même impossible parce qu’en réalité il n’y a aucun critère pour départager ce dilemme.

En littérature, il se rattache au discours délibératif, registre de la littérature d’argumentation dans lequel un personnage ou un auteur pèse le pour et le contre pour ensuite prendre une décision. La différence entre le dilemme et la délibération, c’est que le dilemme ne devrait pas avoir de conclusion, c’est-à-dire, que même en ayant pesé le pour et le contre, ceci ne suffit pas à prendre une décision, à trancher la question. Dès lors, cette impossibilité de choisir constitue le nœud de l’intrigue dans certaines pièces théâtrales, c’est-à-dire ce qui lance l’action théâtrale à proprement parler. Au théâtre, on l’appelle le « nœud », et on appelle la fin « le dénouement » : le fait d’enlever le nœud. Dans certaines pièces, des tragédies ou des tragi-comédies, on utilise le dilemme qui s’impose à un personnage comme étant le ressort de l’action.

II. Le dilemme cornélien

Quel est le dilemme le plus connu ?

L’expression la plus exemplaire du dilemme est celle du XVIIe siècle qui se trouve chez Corneille, dans sa pièce Le Cid. Dans cette pièce, le personnage principal Rodrigue (ou le Cid, son surnom) est amoureux de Chimène. Ils doivent se marier mais il arrive un différent entre leurs pères. Les deux familles vont être en opposition : le père de Chimène offense le père de Rodrigue et Rodrigue doit venger son père en provoquant en duel le père de celle qu’il aime, son potentiel futur beau-père. Il sait qu’il va soit, tuer le père de celle qu’il aime, soit être tué par lui. Il se doute qu’il va sans doute l’emporter car il est jeune et vigoureux tandis que le père de Chimène est âgé.

Finalement, son dilemme est « soit je tue le père de Chimène et je vais perdre son amour car elle va avoir du mal à aimer l’assassin de son père, soit je ne me rends pas à ce duel et je perds mon honneur, je ne défends pas ma famille ». Ces deux réalités s’opposent dans ce dilemme. Pour Rodrigue c’est un choix entre l’honneur et l’amour : l’amour de Chimène et l’honneur de sa famille et de son nom. C’est ce qu’on appelle un choix cornélien ou dilemme cornélien, parce qu’il n’y a pas de moyen de trancher entre les deux et cela amène Rodrigue à faire un sacrifice. Son choix est celui de défendre l’honneur de sa famille quitte à risquer de perdre l’amour de Chimène.

Les spécialistes de Corneille disent c’est que si Rodrigue avait choisi de ne pas défendre son honneur, Chimène n’aurait pas non plus pu continuer à l’aimer, étant donné les codes d’honneur qui sont les siens, c’est-à-dire, qu’on ne peut pas aimer quelqu’un qui ne défend pas l’honneur de sa propre famille. C’est souvent la façon dont on analyse la situation pour expliquer pourquoi il choisit de se battre en duel contre le père de Chimène.

III. Style littéraire

Quel style littéraire retrouve-t-on dans le dilemme ?

Au niveau du style, on trouve certaines manières de tourner une phrase ou un texte. Dans tous les dilemmes, il y a des arguments, puisque souvent la personne qui est confrontée à un dilemme réfléchit, pèse le pour et le contre.

Ce personnage va aussi se poser des questions à lui-même ou à un autre personnage, s’il y a quelqu’un qui est là pour l’aider à trancher le dilemme. Il utilise des phrases hypothétiques, des conditions : « si je fais ceci, qu’est ce qui se passe ? si j’avais fait cela, que ce serait-il passé ? ».

Souvent au théâtre, ces passages de dilemme sont écrits sous forme de monologues, plus souvent que de dialogues. Alors, le personnage est seul sur scène et il pense à voix haute.

Autre élément du dilemme : l’utilisation du registre pathétique. Ce sont des textes où on exprime beaucoup de douleur, de pathos, et qui touchent le lecteur ou le spectateur en suscitant en lui de la pitié. Il va avoir pitié de ce personnage qui est en prise avec des choix impossibles à faire.

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