Qu'est-ce que la socialisation ?
On peut s’interroger sur la manière dont on apprend à vivre en société, dont on devient des acteurs sociaux, dont on peut s’intégrer dans une société qui existe, qui a ses codes, etc. On peut devenir un acteur social grâce à la socialisation. La socialisation en sociologie est un processus d’apprentissage par lequel les individus apprennent les normes et les valeurs propres à la société dans laquelle ils vivent.
I. Processus et intériorisation
Le terme processus montre que la socialisation est toujours en cours, elle n’est jamais finie. La socialisation commence à la naissance et se poursuit jusqu’à la mort. On apprend à vivre en société toute sa vie, simplement parce que la société évolue et que nous, individus, pouvons nous insérer dans des univers différents qui peuvent avoir des codes différents. C’est donc un processus qui dure tout au long de la vie.
L’intériorisation est le fait que ce qu’on apprend s’imprègne en nous pour devenir complétement naturel, devenir des réflexes : on incorpore, on intériorise.
II. Norme et valeur
Par la socialisation, on intériorise des normes et des valeurs. Une valeur est un idéal, un principe moral propre à une société qui permet aux individus de classer les comportements souhaitables ou acceptables par la société. Cela se fait par la distinction entre le bien et le mal. Par exemple, la société française a des valeurs de politesse, de respect, d’honnêteté, etc. On est tous censé les partager et les apprendre lors de la socialisation. Ces valeurs prennent chair dans des normes. Une norme est une règle de comportement formelle (rendue obligatoire par la loi) ou informelle (sociale, tacite, qui organise la vie de la société). La valeur politesse se traduit, par exemple, dans la norme par dire bonjour quand on arrive dans une pièce. C’est une règle informelle : on n’a pas d’amende si on ne dit pas bonjour, mais il y a réprobation sociale. La valeur honnêteté se traduit par ne pas mentir. C’est une règle informelle dans la vie quotidienne, mais qui devient formelle dans le cadre judiciaire : la loi condamne le mensonge face à un juge ou un policier (faux témoignage). Ne pas tricher à un examen est aussi une règle formelle.
III. Les modes de socialisation
Pendant le processus de socialisation donc, on incorpore, on fait nôtres des règles et des valeurs partagées par les membres d’une société, qui nous permettent d’en faire partie et d’interagir avec les autres. Pour intégrer ces normes, on distingue en général trois grands types de procédés de socialisation :
– l’imitation : on regarde les autres faire et on fait pareil (apprentissage de la marche,de la parole),
– l’inculcation : un autre individu nous dit comment faire (utilisation des couverts, faire ses lacets),
– l’injonction : par un ordre (dire bonjour à la dame, dire merci, etc.).
Ce sont les trois grands modes de socialisation par lequel on devient un acteur social et par lesquels on apprend les normes de la société dans laquelle on vit.
Quels sont les principaux agents de la socialisation ?
La socialisation est le processus par lequel les individus apprennent et intériorisent les normes et les valeurs propres à la société dans laquelle ils vivent. Pour que puisse se faire cette socialisation, il faut qu’un certain nombre d’agents permettent la transmission de ces normes et valeurs. On considère en général que, du moins durant la petite enfance, il y a deux grands agents de socialisation.
I. La famille
Dès le plus jeune âge, la famille transmet les règles élémentaires de la vie en société, par exemple l’habillement, le langage, la politesse, etc. Elle donne aussi une triple identité :
– une identité biologique, par des liens de sang,
– une identité sociale, puisque l’enfant aura le nom de sa famille,
– une identité culturelle, puisqu’elle transmet les normes et les valeurs de la société dans laquelle elle vit, éventuellement celles de son groupe d’appartenance en termes de catégories sociales ou religieuses.
II. L’école
A partir de 3 ans, l’enfant passe de plus en plus de temps à l’école. Durant le temps où il est éveillé, il passe plus de temps à l’école que dans sa famille.
L’école prépare les enfants à la vie citoyenne, en leur inculquant d’autres normes et valeurs, qui peuvent parfois entrer en concurrence avec les normes transmises par la famille. Par exemple, certaines normes religieuses transmises dans la famille peuvent entrer en conflit avec les valeurs transmises par l’école.
L’école prépare aussi à la vie professionnelle en inculquant des savoirs. Elle donne le sens de la vie en collectivité.
III. Les autres
Mais, pour l’enfant comme pour l’adulte, il y a d’autres agents de socialisation. Les plus importants en dehors de l’école et de la famille sont :
– les médias : la radio, la télé, mais aussi la publicité qui a un fort impact chez les adolescents,
– les groupes de pairs : les camarades de classes, les copains, etc.,
– les clubs sportifs : car le sport transmet des valeurs spécifiques comme le respect ou la construction d’un collectif,
– les associations.
Plus tard, on peut aussi citer le milieu professionnel ou le couple.
Les 4 capitaux de Pierre Bourdieu
Pierre Bourdieu constate que les individus ne sont pas interchangeables. Pour expliquer cela, il a élaboré toute une théorie dont les quatre grands capitaux occupent le centre. Les individus se distinguent de part leur possession inégale de capitaux. Ils ont des volumes différents de capitaux mais aussi une répartition différente des différents capitaux au sein de leurs aptitudes.
Le capital économique est le capital premier. Il se compose de l’ensemble des richesses d’un individu (revenus, patrimoine).
Le capital culturel est le plus important pour Pierre Bourdieu. Il s’agit de l’ensemble des savoirs, des savoir-être (habitus : capacité d’un individu à se positionner), des diplômes et des biens culturels possédés par un individu.
Le capital social est le réseau de relations et connaissances dont dispose un individu et sa famille et qu’il peut activer pourobtenir des informations déterminantes pour avoir un stage, un emploi, etc.
Le capital symbolique qui valide un certain prestige social correspondant au rayonnement des individus dans la société. Il légitime la possession des autres capitaux. Il diffère en fonction de l’importance de chacun dans la prise de décision notamment.
Finalement, la dotation de chaque individu dans les différents capitaux est déterminante. Par exemple, pour réussir en politique, il peut être préférable de disposer d’un fort capital social. D’autre part, le monde de l’art sera peut-être plus accessible si l’on dispose de capital culturel. Ce n’est pas seulement le volume global du capital qui est déterminant mais aussi sa composition.