Définition de l’explication de texte
I. Ce que n’est pas une explication de texte
Pour définir ce qu’est une explication de texte, on commence par dire ce que n’est pas une explication de texte. Il y a deux écueils principaux qu’il faut éviter.
Premier écueil : faire une explication de texte comme on ferait un commentaire. L’explication de texte est un exercice philosophique avec une méthode propre, qui n’est pas celle du Français. Ça n’est pas un commentaire composé, c’est un exercice propre à la philosophie. Commenter un texte revient à ajouter un certain nombre de considérations au texte lui-même, prendre en considération le texte et faire des commentaires. Cela veut dire rajouter des jugements, des appréciations de valeur, sur ce qui est énoncé. Ce n’est pas cela dont il s’agit quand on fait une explication de texte en philosophie.
Second écueil : l’explication de texte n’est pas la prise du texte comme un prétexte pour traiter un thème. Il ne s’agit pas de lire le texte, d’y retrouver un thème ou une question philosophique et du coup de développer des considérations générales autour de la question envisagée. Ce n’est pas l’exercice et il n’est pas question de faire un petit essai ou une petite dissertation autour du thème abordé par l’auteur. Donc ne pas prendre le texte comme un prétexte pour un discours qui serait autre.
II. Qu’est-ce qu’une explication de texte ?
L’expression elle-même « explication de texte » montre qu’il s’agit bien d’expliquer un texte. Cela signifie que l’objet de toute l’attention doit être le texte. L’objectif est d’expliquer le sens du texte lui-même. Le texte, rien que le texte : c’est la règle d’or.
III. La mention ajoutée aux textes
On ajoute généralement une mention. Sur la copie est écrit « Troisième sujet : vous expliquerez le texte suivant ». Suivent le texte puis le nom de l’auteur, le titre du livre, puis l’année : ce sont des éléments qui peuvent servir. Et est ajoutée la mention suivante : « la connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise, il faut et il suffit que l’explication rende compte par la compréhension précise du texte du problème dont il est question. »
Premier élément, si on tombe sur un texte de Kant, il n’est pas question de faire tout un exposé de la doctrine kantienne. On n’attend pas d’un élève de Terminale qu’il connaisse la doctrine de Kant. L’objectif est bien d’expliquer ce texte-là et non tout ce qui le concerne.
Second point, il s’agit d’abord de comprendre précisément le texte de telle sorte qu’on puisse rendre compte du problème philosophique dont il est question dans ce texte, problème philosophique qui est abordé par l’auteur et qui est traité par l’auteur, c’est-à-dire pour lequel l’auteur va offrir une réponse spécifique, va défendre une thèse particulière.
Quel est l’objectif d’une explication de texte ?
L’objectif de l’explication de texte est par là défini. Il s’agit de montrer comment un auteur répond à un problème philosophique en défendant une thèse spécifique par rapport à ce problème.
La lecture du texte
Dans la méthode d’explication de texte, il est très clair que pour commencer, le premier travail à faire est de lire le texte. Ce cours explique un certain nombre de points par rapport à la lecture d’un texte. On ne sait pas lire tout de suite : il faut apprendre à lire un texte philosophique.
I. Nombre de (re)lectures
Combien de fois faut-il lire le texte ?
Il n’y a pas un nombre de lectures et de relectures standard. Dans la mesure où il est question de comprendre précisément le texte, il faut lire le texte le nombre de fois nécessaire pour que sa compréhension soit précise et pour qu’elle soit certaine, c’est-à-dire pour qu’on soit assuré dans la compréhension qu’on en a. Cela peut vouloir dire lire le texte dix fois ou quinze fois si c’est nécessaire. Il faut vraiment prendre le temps au brouillon, même si cela doit prendre une bonne heure et demie, de faire ce travail de lecture approfondie du texte, dans la mesure où un texte qui ne sera pas compris sera mal expliqué.
II. Le travail sur le texte
Comment travailler le texte ?
Lire un texte peut se faire en plusieurs fois. D’abord d’une manière cursive, c’est-à-dire du début jusqu’à la fin sans rien y faire, le relire si c’est nécessaire une deuxième fois. Au bout de la troisième ou de la quatrième lecture, il faut commencer à travailler le texte, c’est-à-dire à souligner les points importants du texte, certains concepts ou mots décisifs par rapport à la thèse ou au problème.
Il faut aussi faire des césures et essayer d’identifier dans le texte les différentes étapes du raisonnement. C’est un travail sur lequel on peut revenir, il ne faut pas hésiter à « maltraiter » un texte, c’est-à-dire le surligner, le souligner avec vos outils.
Travailler sur un texte et lire un texte, c’est aussi éviter un écueil très important et qui provient de la précipitation. Il faut prendre le temps de lire le texte et ça veut dire, en particulier, quand on lit, ne pas s’accrocher sur une signification. Quand on saisit quelque chose, on a tendance à vouloir absolument accrocher le sens qu’on a compris et ensuite on n’est plus disponible pour la suite du texte. Donc apprendre à lire un texte revient à laisser le texte dire tout ce qu’il a à dire, y compris si la suite du texte semble contredire la première compréhension.
Il faut relire le texte dans son intégralité pour s’assurer que tout est bien cohérent. C’est une bonne règle de se dire que si on a l’impression que l’auteur se contredit quand on lit le texte, c’est que l’on n’a pas compris le texte. Il faut relire le nombre de fois nécessaire pour trouver une cohérence dans le texte.
III. Les écueils de lecture
Quels sont les écueils de lecture ?
A déjà été abordé le fait de s’accrocher sur une signification première et ensuite de ne pas être disponible pour la suite du texte.
Un autre écueil de lecture est de s’attarder à une seule partie du texte, qu’elle soit au début ou à la fin, sans être attentif à la totalité du texte. L’objectif dans la lecture elle-même est de lire le nombre de fois nécessaires pour que on ait à l’esprit la fin du texte quand on lit le début et qu’on ait à l’esprit le début du texte quand on lit la fin, pour qu’on puisse vraiment avoir une intelligence globale de tout le texte. C’est essentiel parce qu’il va falloir identifier le problème et la thèse de ce texte.