Le Second Empire (1852-1870)

L’histoire politique de la France dans les années 1800 est extrêmement compliquée. La France a connu une restauration de la monarchie, puis une brève aventure républicaine entre 1848 et 1852. Or nous avons affaire ici à un nouveau régime : le Second Empire, qui dure de 1852 à 1870.

Pourquoi le Second Empire ? Parce que c’est un régime porté par un Bonaparte, et que Napoléon Bonaparte était le fondateur du Premier Empire qui prend fin en 1814-1815.

 

I. Un régime autoritaire

 

A. Napoléon III

Napoléon III est une synthèse de toutes les tendances politiques que l’on a pu constater au XIXe siècle. Il est à la fois proche de l’expérience impériale de son oncle, (c’est le neveu de Napoléon Ier). Mais aussi épris de certaines libertés et très intéressé à la question sociale. Il propose un régime d’ordre par certains côtés mais aussi un régime de progrès et d’avancées par d’autres côtés.

La personnalité de Napoléon III est très intéressante, c’est un aventurier, il a tenté des coups de force contre le régime monarchique de la Restauration, il a fait un séjour en prison, il a écrit une brochure sur l’extinction du paupérisme (pauvreté) et il bénéficie de l’image de son oncle. Il est élu en 1848 en tant que premier président de la République, de cette très brève République de 1848 à 1852.

C’est par un coup d’État, en fait en deux temps, que Napoléon III impose son pouvoir. D’abord en obtenant en décembre 1851 le prolongement de son mandat présidentiel et quelques mois plus tard, en novembre 1852, en obtenant la dignité impériale. La France redevient un empire à partir de ce moment.

 

B. Des pouvoirs concentrés, un régime personnel

Les pouvoirs sont concentrés entre les mains de l’empereur. Il existe un corps législatif mais qui ne représente plus vraiment la souveraineté de la Nation et qui est en grande partie vidée de sa substance. Les députés de ce corps législatif doivent, par exemple, prêter serment à l’empereur.

C’est un régime moderne puisqu’il essaie d’établir un rapport direct entre l’empereur, le chef du pouvoir exécutif et la Nation, qui approuve en général ce qu’il a décidé par plébiscite (forme de référendum).

C’est un régime de renforcement de l’administration (dans la tradition de Napoléon Ier) avec un rôle important accordé aux préfets qui sont les représentants du pouvoir central dans les régions. Ces préfets sont incités à pousser les gens à bien voter en favorisant la candidature de candidats officiels approuvés par le régime. On reste tout de même assez loin de la démocratie, c’est-à-dire un pouvoir dans lequel le peuple serait maître.

 

C. Respect des principes républicains

Il n’en demeure pas moins que ce régime (c’est ce qui le distingue des monarchies anciennes) est respectueux de la souveraineté de la Nation et des principes républicains :

– en maintenant l’égalité civile, décidée par la Révolution française,

– en rétablissant le suffrage universel qui avait été diminué à partir des années 1850. Il avait été décidé par le décret du 5 mars 1848. C’est un suffrage universel qui prend surtout la forme de plébiscites.

 

II. Un régime qui incarne la prospérité

 

A. Un régime soutenu

Ce régime est soutenu par une grande partie de la population et notamment par les gens qui aspirent à l’ordre. La première moitié du XIXe siècle a été faite de révolutions, de journées insurrectionnelles, de changements de régime. Les Français aspirent à la tranquillité. Les grands corps de la Nation : l’Église, la magistrature, l’armée, la paysannerie, les grands industriels qui commencent leurs grandes opérations économiques à l’époque soutiennent ce régime.

La personnalité de l’empereur est appréciée par une grande partie des Français. Il est assez moderne dans sa façon de faire puisqu’il parcourt la France dans des « voyages officiels », où il vient à la rencontre des Français. Il vient compatir lors de catastrophes naturelles, par exemple lors d’inondations. C’est un empereur polyglotte, qui connaît l’anglais. Il a donc une certaine popularité, d’autant qu’il réinvente la vie de cour à Paris, aux Tuileries dans un programme appelé la fête impériale, incarnée notamment par l’épouse de Napoléon III, l’impératrice Eugénie qui est une grande donneuse de bals et de fêtes.

 

B. Moteurs du changement

Il y a une conjoncture économique favorable, elle-même favorable au régime. Les prix augmentent, le crédit est ouvert, les grandes banques que nous connaissons à l’heure actuelle sont créées dans les années 1860 et il y a un grand esprit d’entreprise qui fait que la France va se développer de façon très importante dans les années 1850 à 1870.

En quoi consistent ces transformations ? Elles consistent en l’industrialisation du pays, qui démarre juste à l’époque. La France a un peu de retard sur ses voisins européens. C’est aussi l’équipement du pays du point de vue des transports (le réseau de chemin de fer est multiplié par 4 ou 5 sous le règne de Napoléon III) ainsi que l’agrandissement et l’embellissement des villes.

 

C. Une économie florissante ?

On peut rajouter que ce régime a une certaine influence à l’extérieur. En 1860, le régime napoléonien décrète un principe de libre-échange avec l’Angleterre qui favorise les rapports commerciaux avec les Britanniques, ce qui prouve que l’économie française se sent assez solide, du moins aux yeux de l’empereur, pour accepter la concurrence.

En 1869, c’est l’ouverture du Canal de Suez, grande opération de prestige, en présence de l’impératrice Eugénie. Ce canal a été percé par des ingénieurs français avec des capitaux français et britanniques.

Il y a les expositions universelles, qui sont de grandes foires industrielles, où les pays d’Europe montrent leurs réalisations. Ces expositions universelles sont organisées à Paris en 1855 et 1867.

Ainsi la prospérité, le développement économique, a été à la base des succès du régime.

 

III. L’opposition au régime

 

A. Difficulté du régime

Ces succès prennent fin dès les années 1860 avec un certain nombre de difficultés qui expliquent la fin de ce régime :

– des difficultés économiques : quand on est en période de hausse des prix et des revenus, tout va bien et quand la conjoncture change de sens, c’est tout le soutien du régime qui se fragilise.

– les expéditions extérieures de Napoléon III qui ont redonné cet appétit de conquête ou d’influence sont parfois catastrophiques. Par exemple, une expédition au Mexique est un échec total.

– la politique italienne de Napoléon III est critiquée à cette époque par l’Église, qui était pourtant un soutien du régime, à cause du sort qui est fait au pape à Rome.

Napoléon III est contraint à un tournant libéral en 1860. Le régime devient plus parlementaire et c’est un républicain qui est appelé à la tête du gouvernement, Émile Olivier. Il n’en demeure pas moins que cette évolution libérale ne suffit pas à assurer la popularité du régime jusqu’à la fin.

 

B. L’opposition républicaine

L’opposition républicaine, durement réprimée à partir de 1852, à partir de la proclamation de l’Empire, est en grande partie en exil. Ce sont les fameux proscrits parmi lesquels des personnages extrêmement fameux. Victor Hugo par exemple, qui a soutenu Napoléon III au tout début mais qui a rejeté le double coup d’État. Adolphe Thiers qui est un membre plutôt du courant libéral, du parti de l’ordre, qui lui aussi refuse ce régime.

 

C. Postérité du régime

Ces hommes, Thiers, Hugo, Jules Ferry, Léon Gambetta, ces grands républicains de la Troisième République vont donner à ce régime une postérité noire. Ce régime a une très mauvaise réputation parce que les gens qui l’ont détestés en ont écrit l’histoire dans les premières années de la Troisième République et en ont donné une image noire.

Nous avons tendance à penser aujourd’hui que ce régime vaut peut-être mieux que ce que l’on a pu en dire à l’époque et qu’en tout cas, il annonce une certaine façon de gouverner en France, avec un rapport direct entre le chef de l’exécutif et le peuple, rapport que l’on retrouve sous la Troisième République bien plus tard.

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