Permanences et mutations de la société française jusqu’en 1914

Permanences et mutations de la société française jusqu'en 1914

Le sujet pose une question sur les Français et les Françaises au XIXe siècle. Comment vivent les gens à cette époque ? Certaines choses restent les mêmes pendant tout le siècle et puis il y a des changements très lents. Le rythme des choses est très différent au XIXe siècle à ce qu’il est aujourd’hui mais ces changements se font durant tout le siècle, malgré tout. En 1900, la France a beaucoup changé par rapport à ce qu’elle était au lendemain de la Révolution française.

 

I. Une permanence majeure : la ruralité

 

A. Poids démographique des campagnes

La permanence majeure dans la société française de cette époque est le monde rural et la ruralité. Pourquoi ? La France se caractérise au XIXe siècle par le poids très important de sa population rurale. Des facteurs peuvent expliquer cela :

– des facteurs géographiques, la France est un grand pays d’agriculture,

– des facteurs historiques et sociaux.

Au début du siècle, le monde des campagne correspond à 75 % de la population française de l’époque. A la fin du siècle, à la veille de la Première Guerre mondiale, c’est encore 60 %. La diminution est légère. On rappelle que la Première Guerre mondiale est la dernière guerre de paysan, dernière guerre pour la défense du terroir que les soldats français ont menée.

 

B. Un monde marqué par le conservatisme ?

Ce monde rural, très important, est un monde marqué par le conservatisme. C’est une idée reçue qu’il faut nuancer. La France est très diverse selon ses régions, mais on constate que les campagnes sont marquées par un goût pour l’ordre (on a vu les campagnes soutenir des régimes autoritaires comme celui de Napoléon III). C’est un monde de traditions, de conservatisme, de vieilles habitudes. C’est un monde très modeste au plan du niveau de vie. C’est un monde qui écoute encore les curés et l’Église.

Pourquoi ce monde rural est-il conservateur ? Il est mal relié au reste de la France. Il faudra attendre la révolution des transports pour que les campagnes soient mises en réseau et pour qu’elles rentrent en communication les unes avec les autres. C’est un monde encore peu instruit et assez pauvre.

 

C. Qui se transforme

Le monde se transforme au cours du XIXe siècle. D’abord cela est dû aux progrès techniques, à l’industrialisation, et à la mécanisation qui permettent d’obtenir des rendements plus importants, qui vont éloigner le spectre des crises de subsistance.

Une autre conséquence sur les populations rurales est le phénomène de l’exode rural (il y a besoin de moins de monde dans les campagnes et ces gens qui quittent la campagne pour aller vers les villes forment les premiers bataillons de la classe ouvrière).

Ce monde se transforme aussi au plan social. A la fin du XIXe siècle, au moment de la Troisième République, il y a le processus de pénétration de la légalité républicaine dans les campagnes. Pour les paysans du début du siècle, l’État était un État oppressif, qui se limitait à percevoir des taxes et des impôts.

Par la suite, l’État devient celui qui amène les transports dans le village et celui qui assure la sécurité (État gendarme). A partir du moment où, en 1884, toutes les municipalités auront la liberté d’élire leur maire, il y aura une vie sociale et politique qui transformera aussi ces campagnes.

Enfin, cette France des campagnes est une France de petits propriétaires, de gens assez libéraux parce qu’ils tiennent à leur propriété. Ils sont souvent très hostiles aux doctrines socialistes parce qu’elles réclament le partage des biens. Ils vivent avec leur temps et profitent de la prospérité du XIXe siècle.

 

II. Les transformations qui bouleversent la société

 

A. Industrialisation, urbanisation

Il y a les effets de l’industrialisation à partir des années 1850. La France s’industrialise avec un certain retard par rapport à ses voisins britanniques ou allemands :

– Le développement des transports : la France se couvre de réseaux ferrés sous le Second Empire.

– L’urbanisation qui se produit inévitablement avec le processus d’industrialisation. Les villes du XIXe siècle sont des villes petites par rapport à ce que nous connaissons aujourd’hui en nombre d’habitants. Ces villes se sont surtout embellies et modernisées. La France urbaine est une sorte de grand chantier dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

 

B. Des transformations socio-culturelles

Des transformations socio-culturelles apparaissent nettement à la fin du siècle avec l’affirmation de la République dans toute la France et dans les campagnes.

Ces transformations sont dues à la généralisation du suffrage et l’on voit apparaître les grands emblèmes républicains au fronton des mairies. C’est surtout l’instruction gratuite, laïque et obligatoire qui entraînent ces transformations socio-culturelles. Les lois Jules Ferry de 1880-1882 augmentent le niveau de savoir de ces campagnes : à la fin du XIXe siècle, il n’y a presque plus d’illettrés en France.

 

C. Le renouvellement des classes sociales

On aboutit finalement à un renouvellement des classes sociales, du fait de l’industrialisation, du développement économique et de l’urbanisation. Trois catégories s’affirment, qui sont d’ailleurs souvent des catégories urbaines :

– Le monde ouvrier. Il est en partie un monde de l’usine mais reste encore beaucoup un monde de l’atelier, de la manufacture de type ancien, voire du travail à domicile. Ce monde ouvrier commence à poser le problème de la question sociale puisque ces gens vivent dans des conditions parfois très dures. – L’affirmation d’une bourgeoisie entrepreneuriale, très importante, qui est le moteur du développement économique de la France, avec d’immenses fortunes qui se constituent. Celle des Schneider par exemple au Creusot ou celle des Pereire, banquiers qui connaîtront pourtant la faillite car à l’époque, les grands entrepreneurs prenaient des risques, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

– L’apparition d’une classe moyenne : des gens que l’on a du mal à distinguer de la bourgeoisie mais qui sont les soutiens d’un régime plutôt libéral et qui commencent à connaître la prospérité.

 

III. De nouveaux acteurs sociaux

 

A. Le temps des femmes ?

On ne peut pas considérer que le XIXe siècle soit un temps d’émancipation féminine, bien au contraire. C’est un siècle relativement oppressif pour les femmes, dont on rappelle qu’elles sont dans un état de minorité politique. Le Code civil napoléonien ne leur accorde pas le statut de citoyen, réservé au chef de famille. Les femmes servent, comme le disait Karl Marx, d’armée de réserve du capital puisqu’elles sont moins payées que les hommes dans les usines et qu’elles tirent les salaires vers le bas.

Il y a quelques personnalités féminines célèbres à l’époque. Des femmes « tiennent salon » par exemple sous le Second Empire, mais ce sont des femmes de l’élite, qui donnent une image très positive de la femme mais qui ne concernent pas la masse de la population féminine en France.

Il faudra attendre les deux guerres mondiales au XXe siècle pour que les femmes obtiennent véritablement les effets de cette émancipation qu’elles réclament.

 

B. L’immigration, déjà

Quant à l’immigration, c’est déjà une question au XIXe siècle. Effectivement, la France est malthusienne, c’est-à-dire que la France fait peu d’enfants. Elle est précocement déchristianisée. La fragmentation des petites propriétés fait que l’on hésite à avoir beaucoup d’enfants parce que selon les lois françaises, il faut partager ces petites propriétés entre les héritiers. On fait donc appel à l’immigration dès le XIXe siècle.

Cette immigration n’est pas la même qu’aujourd’hui, elle n’est pas extra-européenne. On fait venir des gens qui viennent de pays voisins, par exemple de Belgique ou d’Italie mais qui sont considérés par les nationaux avec autant d’étrangeté qu’on considérerait aujourd’hui ceux qui viennent d’Afrique ou d’Asie.

Il n’en demeure pas moins que cette immigration est favorisée par les pouvoirs publics à travers notamment l’adoption en 1889 par la République française du droit du sol, qui permet à ces immigrés d’acquérir (pour leurs enfants) la nationalité française assez vite.

 

Conclusion

 

C’est un monde qui, au terme d’une grande complexité politique, de beaucoup de changement de régimes et d’une longue évolution, s’apprête à entrer dans le XXe siècle, qui est le monde des guerres, un monde différent de celui du XIXe et qui se prépare déjà dans ces années 1800.

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