Métropolisation, littoralisation des espaces productifs et accroissement des flux

Métropolisation, littoralisation des espaces productifs et accroissement des flux

I. Un monde de flux

 

Nous constatons que nous sommes aujourd’hui, et depuis quelques décennies, dans un monde de flux, c’est-à-dire d’échanges de biens matériels et immatériels.

 

A. Comment s’explique leur accroissement ?

La croissance des flux remonte au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Trois raisons expliquent l’augmentation des flux :

– La première raison est d’ordre idéologique. La mondialisation n’est pas un phénomène naturel mais a été voulue. Cela s’est fait après la Seconde guerre mondiale sous l’impulsion américaine, avec la création de l’ONU et du GATT, en 1947, qui favorisent le libre-échange. L’idée est que si l’on échange beaucoup plus entre États, la prospérité du monde s’en ressentira et surtout, on sera dans un monde plus pacifique puisque l’on aura plus de réticences à se faire la guerre. Après la fin de la Guerre froide en 1990, l’idée de libre-échange s’est étendue à presque l’intégralité du monde.

– La deuxième explication est d’ordre technique. Les transports ont fait des progrès, notamment le transport maritime, central dans l’échange des marchandises par la conteneurisation. Le coût du transport a considérablement baissé, ce qui a incité à échanger davantage. Il faut aussi mentionner l’installation des NTIC (Nouvelles technologies de l’information et de la communication) qui ont notamment favorisées la diffusion des flux immatériels. Ces progrès techniques ont été mis au service d’une cause que l’on pourrait qualifier de libérale. Elle dit que le libre-échange est bon, qu’il faut faire des échanges entre pays et qu’au contraire, le protectionnisme est mauvais et conduit à la guerre.

– La troisième raison est l’émergence de nouveaux acteurs. Des pays du Sud sont devenus des acteurs économiques de premier ordre, comme la Chine, le Brésil et l’Inde. Ils ont aussi, grâce à leur enrichissement, constaté l’apparition d’une classe moyenne, composée de personnes qui sont des consommateurs, qui aspirent à faire venir des marchandises et qui contribuent à l’augmentation générale de ce monde de flux.

 

B. La croissance des flux économiques

On distingue les flux de marchandise (marchandises réelles) des flux immatériels, plus difficiles à définir.

Ces flux de marchandises sont principalement des flux de produits manufacturés, qui sortent de la sphère industrielle et qui sont en croissance importante. On remarque que dans ces flux matériels, la part des produits bruts, soit des flux agricoles et des matières premières, tend à diminuer par rapport au reste. Elle continue à augmenter, mais en valeur relative, l’augmentation de ces flux est moins importante que l’augmentation des flux de biens manufacturés.

Les flux immatériels ont connu la plus grande croissance depuis une trentaine d’années. Ce sont les flux d’informations ainsi que les flux financiers.

 

metropolisation

 

Quand on regarde ce document, on voit que les flux financiers sont divers et qu’ils peuvent se répartir en deux catégories :

– Des flux vertueux, utiles, qui sont les flux d’investissement et donc indispensables à la création d’espaces productifs dans certains pays. Ce sont aussi des remises, c’est-à-dire des transferts d’argent que des travailleurs expatriés peuvent renvoyer dans leur pays d’origine.

– Des flux spéculatifs, qui sont des flux d’enrichissement pur. Ils sont très perturbants pour l’équilibre du commerce mondial et sont souvent à l’origine de crises importantes. Dans un cadre complètement dérégulé, qui a été voulu à partir les années 1980-1990, ils sont parfaitement libres de circuler comme ils le souhaitent.

 

II. La métropolisation des espaces productifs

 

Métropole : une agglomération de grande taille, qui se caractérise surtout par l’influence qu’elle exerce sur son environnement.

Métropolisation : mouvement qui conduit les hommes et les activités productives préférentiellement vers ces métropoles, au détriment des espaces périphériques.

 

A. Les métropoles au cœur des réseaux

Les métropoles sont valorisées car elles sont au cœur des réseaux mondiaux à l’heure actuelle. Aujourd’hui l’économie est déterritorialisée, elle dépend beaucoup moins des ressources, par exemple du sous-sol. Les métropoles apparaissent donc comme des lieux idéaux pour concentrer les activités de commandement puisqu’elles sont souvent en situation nodale, c’est-à-dire qu’elles sont au point d’intersection (nœuds) de ce réseau mondial. Ce sont souvent des hubs aéroportuaires ou des ports de grande importance. Elles sont donc idéalement placées, à la fois en tant qu’émettrices de productions et réceptrices de productions.

Les grandes métropoles mondiales sont organisées entre-elles, dans l’Archipel métropolitain mondial, avec des lignes de grande importance qui sont en communication les unes avec les autres.

 

B. Des espaces productifs de haut niveau

On trouve dans les métropoles les fonctions de commandement, les sièges sociaux des grandes entreprises, les unités de recherche et de développement, les grandes unités péri-productives (marketing, communication, conception esthétique, de certains produits économiques) et les activités financières et les activités de banque.

On peut enfin mentionner le cas des technopôles, lieux qui associent, dans les espaces métropolitains, la recherche et la production. Ils sont précisément localisés au cœur de ce grand réseau de communication qu’est devenu l’espace mondial.

 

III. Littoralisation des espaces productifs

 

Le dernier élément des espaces productifs concerne leur littoralisation, c’est-à-dire le déplacement de la production sur les façades littorales.

 

A. Causes

On s’aperçoit que le phénomène n’est pas récent. Dès le Moyen Âge, les sociétés ont eu tendance à exploiter les espaces littoraux qui étaient des espaces de communication et des espaces parfois plus propices à l’activité économique et productive.

Ce phénomène ancien de littoralisation a pris une ampleur considérable avec la mondialisation. En effet, le commerce a pris, lui aussi, des proportions majeures. On l’a vu augmenter de façon vertigineuse, et comme aujourd’hui, le commerce se fait à 90 % par voie maritime, les espaces qui sont en contact avec ces façades maritimes sont des espaces particulièrement dynamiques. On pense, par exemple, à la Chine qui est devenu l’atelier du monde dans les années 1990. La Chine, qui est un gigantesque exportateur de biens manufacturés, valorise forcément sa façade littorale pacifique, principal atout pour ses échanges.

 

B. Effets

Il y a un cercle vertueux ou vicieux (tout dépend de comment l’on voit les choses). Plus les façades littorales sont actives, plus il y a de commerce. Plus il y a de commerce, plus il y a un renforcement des façades littorales.

Aujourd’hui, le commerce de biens manufacturés se fait essentiellement par la conteneurisation, c’est-à-dire par l’utilisation de boîtes standardisées que sont les conteneurs et qui facilitent le transport des biens. D’où la constitution de grandes façades littorales que l’on peut repérer sur une carte.

À l’heure actuelle, la façade principale est la façade littorale de l’Asie : la façade chinoise mais aussi les littoraux japonais, coréens et d’Asie du Sud-Est. Il y a également d’autres façades littorales importantes : la façade du Northern range nord-européenne, les deux façades nord-américaines atlantique et pacifique, voire des façades qui peuvent apparaître comme secondaires mais qui ont de l’importance au niveau régional comme celle de golfe de Guinée ou celle du Brésil qui donnent sur le littoral atlantique.

 

 

Conclusion

 

Nous pouvons considérer qu’aujourd’hui, les grandes puissances du globe, à l’exception de la Russie, sont des pays dans lesquels les façades littorales sont puissantes. Nous pourrions employer le terme de thalassocratie pour caractériser des États comme les États-Unis, ou dans une moindre mesure, comme la Chine, qui exercent leur puissance par la mer et par l’existence de façades littorales puissantes.

Ces façades se trouvent donc en situation d’interface, c’est-à-dire qu’elles sont des lieux de contact entre les espaces mondiaux et les espaces intérieurs productifs des États qui portent ces façades.

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