Gérer les écosystèmes de façon durable

I. L’ingénierie écologique

 

L’écologie est l’étude du fonctionnement des écosystèmes quelle que soit leur place sur Terre et l’étude de leur biotope, peuplement, leur biocénose.

L’ingénierie écologique se base sur l’exploitation de connaissances modernes sur l’écologie mais aussi sur des outils scientifiques qui peuvent être développés au fur et à mesure des avancées technologiques pour la préservation des écosystèmes. C’est donc mettre au service de la préservation des écosystèmes les connaissances et les outils de l’écologie. Le principe de l’ingénierie écologique c’est d’utiliser le vivant comme source de résilience.

La résilience est la capacité qu’ont les écosystèmes à se régénérer suite à une perturbation, à condition que cette perturbation ne soit pas trop intense ou que les perturbations ne soient pas trop fréquentes. On dit également « ingénierie écologique pour et par le vivant ».

L’ingénierie écologique, ou génie écologique, est une discipline qui date des années 1960 et qui a donné naissance à des projets à long terme de sauvegarde, de restauration et de réhabilitation des écosystèmes. On utilise l’écosystème à condition qu’il ne soit pas totalement détruit, pour le régénérer petit à petit.

– En terme de sauvegarde : on peut citer la préservation des zones humides. Ci-dessous, la photo d’une zone humide préservée par l’ISTEA, un établissement public qui a permis de sauver l’écosystème, c’est-à-dire la flore et la faune qui maintiennent une certaine humidité dans le milieu et qui ont besoin de cette humidité pour vivre. Les zones humides sont des zones de mares ou de marécages où des espèces végétales retiennent l’eau et permettent le développement d’insectes mais aussi d’autres animaux, éventuellement de champignons, etc.

– En terme de restauration : on peut citer les projets qui visent à éliminer les espèces invasives, qui sont en général des travaux de grande ampleur puisque les espèces invasives résistent et ont parfois éliminé d’autres espèces qui étaient là auparavant. Se débarrasser des espèces invasives est en général une tâche plutôt difficile dans les écosystèmes surtout lorsqu’on veut travailler de façon naturelle.

– En terme de réhabilitation : on peut citer les zones industrielles qui sont laissées à l’abandon et redeviennent petit à petit peuplées par la flore, la faune, etc., avec l’utilisation du vivant comme source de résilience.

Finalement l’objectif de l’ingénierie écologique est de maintenir voire d’augmenter les services écosystémiques : approvisionnement, services culturels, services de régulation.

 

II. Un exemple de projet de gestion durable des forêts tempérées : le PEFC

 

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PEFC est un acronyme (programme de reconnaissance des certifications forestières). C’est un système de certification du bois européen (que l’on peut retrouver sur les meubles) créé en France (avant de s’étendre à toute l’Europe) à la fin du XXe siècle par une ONG. Il concerne aujourd’hui 50 pays. Il certifie l’origine et la bonne qualité du bois européen en terme environnemental et de durabilité. Ce système PEFC a été soutenu au départ par des associations de protection de la nature, les pouvoirs publics, et des entreprises de la filière bois, c’est-à-dire des entreprises qui utilisent le bois pour des constructions, pour des meubles, pour produire du papier ou pour l’exploitation des forêts au sens large.

Ce projet vise à produire du bois de façon durable qui va ensuite être utilisé un peu partout. Il est basé sur la protection et l’exploitation raisonnée des forêts européennes au départ, mais aujourd’hui étendu partout dans le monde. Cette exploitation passe par plusieurs engagements.

Pour être labélisé PEFC, il faut par exemple s’engager au niveau de l’exploitation de la forêt et n’utiliser aucun OGM, ni pesticide, ni répandre des boues d’origine industrielle par exemple. Il faut ensuite s’engager à favoriser la survie et la vitalité des essences d’arbre qui sont exploitées, mais aussi de toute la faune et flore des forêts et notamment maintenir le gibier et autres animaux. Il faut également respecter les sols et zones humides (mares, petits ruisseaux pouvant courir dans la forêt). Il faut s’engager à ne pas polluer les zones humides et les cours d’eau dans les forêts labélisées PEFC. Enfin, il faut s’engager à respecter les sites en terme de patrimoine, par exemple, lorsqu’il y a une construction remarquable, il faut s’engager à la conserver en bon état pour obtenir ce label PEFC.

Il y a aussi un travail sur la traçabilité du bois : lorsqu’une forêt est exploitée, on part d’un propriétaire (détenant le terrain sur lequel la forêt pousse) qui n’est pas forcément celui qui utilise ou exploite le bois ensuite. Il y a aussi intervention de l’exploitant, qui va cultiver et éventuellement couper le bois. Il y a ensuite intervention d’une ou plusieurs entreprises qui récupèrent le bois pour des meubles, de la construction, du papier, etc. Et puis, il y a éventuellement des distributeurs. Par exemple, si on a fait du papier à partir du bois de la forêt, ce papier est ensuite vendu et parvient jusqu’au consommateur. La traçabilité c’est savoir d’où vient le bois que le consommateur récupère et être capable de reconstituer la chaîne des intervenants pour savoir ce qu’a subi exactement le bois, depuis la forêt du propriétaire jusqu’au consommateur.

Enfin, autour de ce projet PEFC, il y a une communication, avec la création d’un logo PEFC, la proposition d’une formation pour des étudiants ingénieurs travaillant sur les forêts, sur l’eau, etc., et des campagnes de promotion des productions durables, notamment la production durable du bois français.

Il y a donc un engagement à différents niveaux du producteur jusqu’au transformateur et cela rejoint une dimension éthique qu’avaient déjà les projets d’ingénierie écologique, puisque gérer les écosystèmes de façon durable c’est aussi un engagement éthique à long terme pour préserver les écosystèmes, notamment pour les services qu’ils nous rendent.

Les services que nous rendent les écosystèmes

I. Bénéfices apportés à l’Homme par les écosystèmes

 

Les écosystèmes apportent à l’Homme des bénéfices que l’on peut séparer en deux catégories :

– bénéfices de type matériel (tout ce qui est lié à notre nutrition, notre santé, notre sécurité, etc.),

– bénéfices de type immatériel (services en lien avec les relations sociales, le bien être, etc.).

 

II. Services d’approvisionnement

 

Tout ce que nous consommons, plus ou moins transformé, vient des écosystèmes. Les écosystèmes sont nos ressources. Ils produisent notre alimentation : que nous mangions des produits bruts ou transformés, il y a toujours un approvisionnement au niveau des écosystèmes et plus précisément au niveau des agrosystèmes. Il y a notre approvisionnement en eau douce qui est, elle aussi, plus ou moins transformée et transportée. Il y a notre approvisionnement en bois, en fibres, pour les constructions et les tissus naturels, etc. Il y a les molécules d’intérêt (notamment dans le domaine médical) : plus de la moitié de nos médicaments viennent d’une molécule naturelle, issue d’un écosystème, même si la chimie et les molécules de synthèse interviennent par la suite.

La préservation des écosystèmes et de la nature au sens large est absolument indispensable puisque encore beaucoup de ces molécules d’intérêt n’ont pas été découvertes. Ainsi, lorsqu’on détruit de la biodiversité, on détruit peut-être des possibilités futures de découvrir de nouveaux médicaments ou de nouvelles molécules utiles pour nous protéger ou nous soigner. Préserver la biodiversité, c’est aussi miser sur le futur et sur tout ce qu’on n’a pas encore découvert comme espèces ou comme molécules intéressantes.

 

III. Services de régulation

 

Le service de régulation est l’ensemble du soutien que les écosystèmes apportent aux conditions de vie sur Terre : maintenir une Terre vivable pour l’Homme et les autres espèces. Les écosystèmes ont des effets sur le climat : la forêt tempérée permet d’une part, une régulation planétaire de la température (le couvert forestier représente 30 % des terres à l’échelle de la planète) et d’autre part, la forêt est un puits de carbone. Lorsqu’on la détruit, on libère du carbone dans l’atmosphère ce qui augmente l’effet de serre, donc la température, donc le dérèglement climatique.

Par ailleurs, la forêt et l’ensemble des couverts végétaux de la nature ont un impact sur l’eau, sur l’humidité, sur l’hydrologie, etc. Par exemple, la forêt permet d’accumuler de l’eau dans les sols et dans les nappes phréatiques et la déforestation peut amener à des remontées d’eau et donc à des inondations. La forêt limite les crues. L’eau qui est stockée et qui s’accumule dans les zones forestières est une eau de qualité puisque dans la forêt on emploie peu d’engrais, peu de pesticides : c’est donc une eau moins polluée qu’ailleurs. Enfin, on a remarqué que si on plante des arbres sur le bord des cours d’eau, ceux-ci sont moins pollués par tout ce qui peut s’y déverser, notamment à cause du ruissellement s’il y a des champs à proximité (avec épandages de pesticides). Lorsqu’il y a des arbres plantés le long des cours d’eau, les ruissellements emportent les surplus de pesticides qui atteignent moins les rivières. En effet, les arbres filtrent l’eau et retiennent les pesticides et donc l’eau sera ensuite moins polluée.

Les écosystèmes ont aussi un impact sur l’érosion des sols. En effet, un sol qui n’est pas nu, c’est-à-dire un sol sur lequel il y a un couvert végétal est moins soumis à l’érosion, à la transformation, au lessivage, au déplacement de grandes quantités de poussières, de blocs, etc.

On peut également parler de la pollinisation (le fait que des insectes principalement, mais aussi d’autres animaux déplacent le pollen et permettent la reproduction des plantes à fleurs), indispensable au maintien des écosystèmes. Un équilibre dynamique existe entre les espèces pollinisatrices et les plantes à fleurs depuis des milliers d’années. Cette pollinisation est aussi importante car elle permet la reproduction de la plupart des plantes qui nous fournissent des fruits et des légumes. La pollinisation est indispensable à notre approvisionnement (on rejoint les services d’approvisionnement).

On peut aussi mentionner la concentration des individus et du bien être. En effet, certaines études tendent à prouver que les enfants qui ont des difficultés de concentration, se concentreraient mieux dans un environnement où ils auraient des arbres ou de la verdure à portée de vue. Il n’y a rien d’avéré très précisément mais le bien être et la concentration passent pour beaucoup par l’accès à des paysages naturels plutôt qu’à un paysage entièrement urbain. On rejoint ici les services culturels.

 

IV. Services culturels

 

Ces services sont en lien avec les aménités (des profits appréciables par l’homme). On parle d’aménités environnementales : les écosystèmes nous permettent d’avoir des zones pour pratiquer des activités de loisirs, récréatives : on va se promener en forêt, on va faire du sport sur la plage, etc. Ils sont aussi en lien avec l’éducation des jeunes à qui on présente les écosystèmes, les populations animales, végétales, les champignons, les bactéries, etc. Ils sont également en lien avec l’équilibre psychologique, puisque la plupart des gens qu’on interroge préfèrent se promener dans la nature que dans un milieu urbain. Il y a donc un effet apprécié de la présence de ces écosystèmes dans notre environnement. On part plutôt en vacances dans des écosystèmes naturels que dans des systèmes urbains. Il y a aussi un effet esthétique et un effet spirituel.

L’ensemble de ces services culturels sont des services non quantifiables. Ils varient beaucoup d’un individu à un autre, d’une population à une autre, d’une culture à une autre, mais ils existent et ils sont décrits par les personnes interrogées à ce sujet. La plupart des personnes citent les services culturels et les services de bien être que leur apportent les écosystèmes parmi les services importants de ces écosystèmes.

 

Conclusion

 

Tout ceci amène à une question importante : faut-il monétiser les services écosystémiques ? Pour certains services, comme les ressources, ou pour ce qui est de l’effet sur la pollution et le climat, on comprend assez bien comment on pourrait monétiser, c’est-à-dire qu’on peut donner une valeur aux services rendus.

Pour d’autre services et en particulier ceux qui ne sont pas quantifiables, c’est-à-dire ceux qui ont un impact immatériel au niveau des bénéfices pour l’Homme (relations sociales, bien être, spirituel, esthétique, etc.), la monétarisation et beaucoup moins évidente. Autrement dit, il y a débat et certains services seraient plus monétisables que d’autres. Néanmoins, une estimation du coût d’une dépollution des eaux, ou du coût d’une pollution par une entreprise, permet de faire payer les pollueurs ce qui peut être une bonne source de revenus pour le traitement des écosystèmes et finalement le maintien de ces écosystèmes et de la biodiversité.

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